Marietta – ‘Prazepam St.’

Marietta – ‘Prazepam St.’

Album / Born Bad / 19.06.2020
Folk punk

Le Prazepam est une molécule aux vertus anxiolytiques assez répandue. Le fait de lui consacrer une rue fictive en guise de titre d’album donne des indices charmants : on peut s’attendre à un disque habité par l’anxiété de son compositeur, à une forme d’inadaptation au monde contemporain dominant, et par extension à la musique qui lui est accolée. C’est aussi une promesse de lieu apaisant, d’un ailleurs, à l’abri des avenues surchargées.

Guillaume Marietta s’est dit influencé par le David Lynch de Eraserhead en composant cet album. Heureux hasard : la ressortie du film pour la réouverture des salles coïncide au moment de la parution du disque, ce qui pourra offrir l’opportunité de confronter les deux univers. À la première écoute, Prazepam St sonne bien plus british qu’américain de par la liberté qu’il se donne, son caractère autodidacte, mais aussi en raison de l’univers pop qui domine l’ensemble. On pourrait quasiment parler de britpop sous anxiolytique pour décrire Humpbumpdumppumpin. les mélodies sont indéniablement catchy, et les arrangements ont quelque chose de détraqué. Nous voilà en terrain aussi singulier que réconfortant.

Mais à cette première impression d’ensemble s’en succèdent de nouvelles, écoute après écoute. Difficile de ranger, par analogies, ce disque dans un registre musical dominant : Prazepam St, comme son modèle d’inspiration cinématographique, est un disque sans contraintes autres que celles fixées par son créateur, un type qui fonce droit devant, quelle que soit la direction choisie. Ainsi, The Jordan Rules met manifestement en chanson une interview de Michael Jordan sur son parcours. Un titre qui fait résonner des propos proches de ceux d’Eminem sur Lose Yourself, et un second degré – voire un troisième – qui nous évoque plutôt les compères de Cheveu que le rap mainstream.

L’album entier trace sa route à l’intersection de deux chemins : celui des compositions structurées à l’écoute desquelles des producteurs bankable seraient parfois jaloux, et celui des habillages déglingués, du jeu sonore, ludique autant qu’expérimental. C’est au final l’inadaptation à ces chemins qui fait la force de Prazepam St. Un croisement aussi réussi que l’est sa pochette, l’une des plus belles de 2020 jusque là.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Humpbumpdumppumpin, Hey Void, Jordan’s Rules


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