marcel – ‘charivari’

marcel – ‘charivari’

Album / Luik / 03.03.2023
Noisy post-punk

marcel, c’est la Belgique qu’on aime : un rock avisé, bordé de second degré mais balancé avec un sérieux dont devrait s’inspirer nombre de groupes actuels ayant tendance à se prendre un peu trop vite pour le nouveau phénomène à suivre. Plus encore au sein de ce giron post punk avec lequel certains commencent à prendre leurs distances, bien conscients que tout finit par y avoir été proposé. Les arlonais, eux, ont trouvé la combine en optant pour une musique bruyante et passionnée, référencée mais libre qui, dès son premier album, révèle une identité singulière parfaitement balisée par les quelques singles sortis en amont.

marcel a beau être jeune (le groupe a vu le jour en 2021, ndr), il n’y a pas tromperie sur la marchandise. En lâchant bbl au printemps 2022, le quatuor dévoilait d’abord quelques affinités communes avec Yard Act, discrètes mais assez perceptibles pour se retrouver quelques semaines plus tard à proposer une première partie totalement cohérente des anglais à Paris. Idem pour Italia 90, It It Anita et Tramhaus, tous bien heureux d’avoir été précédés de ces trublions particulièrement doués, également capables d’abattre la carte francophone à l’automne dernier sur intimité, ici conclusion efficace et décalée convoquant avec brio des versions 3.0 de Richard Gotainer et Plastic Bertrand.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : ces quatre rockeurs se qualifiant eux-mêmes de losers magnifiques comme pour se faire à l’idée d’une éventuelle défaite, sont à prendre définitivement au sérieux. Quelques jours seulement avant la sortie de ce charivari, playroom, à l’angle d’attaque plus garage rock, venait le rappeler à qui voulait bien l’entendre. Et pour cause, au détour de chacun de ses dix titres, ce premier album surprend jusqu’à fondre subtilement des sonorités maghrébines dans son eurovision, et laisser des riffs caribéens s’emmêler dans un all together – but not too much envoyant valser les prévisions.

Que voulez vous, marcel a pour lui cette audace qui le pousse à tout se permettre, à papillonner où bon lui semble pour la simple concrétisation d’envies diverses et pressantes (blue danube or more). En retour, sa fougue et sa spontanéité lui autorisent quelques faux pas, comme lorsqu’il s’affiche encore un peu trop vert dès lors qu’il se débarrasse de son lourd manteau bruitiste (salvator mundi). Mais, conscients de leurs propres limites, les belges ont eu ici la clairvoyance de ne pas trop avancer à nu tout de suite, et d’assurer leurs arrières en alignant quelques brûlots post-punk-noise certes plus référencés (six seconds, nechayev & sons) mais exécutés avec assez de maitrise et de plaisir communicatif pour leur promettre un avenir en majuscules.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
playroom, six seconds, blue danube or more, all together – but not too much


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