Mandy, Indiana – ‘I’ve Seen a Way’

Mandy, Indiana – ‘I’ve Seen a Way’

Album / Fire Talk / 19.05.2023
Cold war

Ça se passerait à l’entrée d’un club, à Berlin. La nuit serait très avancée, la pluie incessante, la faune inquiétante, et une fille seule et énervée attendrait aux abords de ces murs isolés, traversés par les infra-basses. Voilà le genre de scène d’ouverture sombre et tendue qui conviendrait à I’ve Seen A Way, si cet album était un film, et Mandy, Indiana, un réalisateur. Mais Valentine Caulfield et ses acolytes font de la musique, et sortent un premier album irrésistible et glaçant, jouant jusqu’à l’étouffement avec la colère, la peur, l’électronique, et les atmosphères cinématographiques déstabilisantes.

Au registre des musiques de films, I’ve Seen a Way oscille d’une dream pop sombre et mélodique rappelant Kavinski (Love Theme (4K VHS), The Driving Rain (18)), vers les nappes telluriques de Hans Zimmer ((>ω<) :。·:*:·゚,。·:*:♪・゚ (Crystal Aura Redux), titre obsessionnel). On imagine aussi parfaitement les accords de l’orgue dans l’intro de Injury Detail accompagner des images vampiriques.

Musicalement, I’ve Seen a Way est le chaînon manquant entre Suuns, pour les expérimentations électroniques froides et industrielles (Mozaick, Iron Maiden) et Dry Cleaning pour le parlé-chanté de Valentine Caulfield (la parisienne du groupe). On fait d’ailleurs preuve d’un plaisir chauvin à entendre des paroles en français sortir de la bouche d’un groupe de Manchester. Si ce n’est pas du Raimbaud, les paroles comme la musique cherchant l’épure, chaque phrase de la chanteuse est un coup de griffe dans les systèmes de domination, masculinistes ou capitalistes. Son ‘Souris, souris, c’est plus joli une fille qui sourit‘, pilonné dans Drag [Crashed] nous restera en tête très longtemps, tout comme ‘Tout est permis, Achevez votre adversaire‘ (Injury Detail), fond sonore d’une épileptique partie de Street Fighter. 2 Stripe se transforme même en petit conte grinçant déglingué.

Mandy, Indiana offre toute une variation de boucles, de glitchs, de drônes pour nous clouer au sol du premier au dernier titre, avec l’assurance et les certitudes de vieux routards de studios. Leur maîtrise est impressionnante, leur énergie communicative. Dans cet orage de colère hurlée jusqu’au bout de la nuit, on ne rêve que d’intégrer la lutte à leurs côtés. Et si l’issue du combat reste toujours la même, ‘Ce n’est pas une révolte, c’est une révolution, C’est eux qui gagnent, et nous qui perdons‘ (sur le beat électro-punk de Peach Fuzz), au moins y aura-t-on gagné un peu de vertige et de dignité.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Drag [Crashed],Pinking Shears, Injury Detail, Iron MAiden, Peach Fuzz


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