Man Man – ‘Dream Hunting in the Valley of the In-Between’

Man Man – ‘Dream Hunting in the Valley of the In-Between’

Album / Sub Pop / 01.05.2020
Rock théâtral

Il y a les machines qui sortent un album par an, et ceux qui laissent infuser les aléas de la vie. Man Man, le groupe de Ryan Kattner (alias Honus Honus, à ne pas confondre avec un Dieu égyptien), semble être de cette deuxième catégorie puisque 7 ans se sont écoulés entre la sortie de On Oni Pond et ce tout frais Dream Hunting in the Valley of the In-Between, lui aussi paru chez Sub Pop. Ce titre suggère des divagations entre les comportements extrêmes de ses semblables, entre amour et haine, raison et folie. Et on pourrait ne pas être déçus.

Man Man a souvent été qualifié de groupe expérimental, mais ce terme peut induire en erreur s’il renvoie à une musique cérébrale sortie d’un laboratoire aseptisé. Ici, nous sommes face à un bric-à-brac plein de surprises. Des notes de jazz de salon ouvrent le disque mais, vite, Cloud Nein vient les bousculer avec son piano cabossé et ses cuivres rouillés. On entre dans un cabaret où l’ennui n’est jamais invité, Honus Honus captive par sa présence et sa grosse voix travaillée par les années. Peut-être que petit, il hésitait entre une carrière de Soulman ou de Monsieur Loyal dans un cirque. L’un comme l’autre étant censé avoir un sens du spectacle aiguisé, alors le groove mène ici toujours aux situations les plus théâtrales : un titre comme Lonely Beuys en est l’illustration.

Le groupe aime changer de direction, varier les tempos, ainsi l’irrésistible Future Peg nous amène dans des contrées tropicales, accompagné de percussions dynamiques et d’un saxophone des plus savoureux. Puis l’intro de Goat serpente à travers l’orient comme un fleuve paresseux, avant l’exposé d’une sordide histoire mêlant salmonelle et caprins. Inner Iggy nous invite à enfiler notre plus belle chemise hawaiienne et à trouver l’iguane qui sommeille en chacun de nous.

Bref, vous l’aurez compris, Dream Hunting in the Valley of the In-Between circule plus aisément sur le versant de la folie que sur celui de la raison qui fait face. On peut encore parler de The Prettiest Song of the World (‘Je vous t’écrire la belle chanson du monde, mais j’ai été distrait par une feu de forêt à Burbank‘) avant de narrer une drôle histoire de jambes en l’air dans un motel de Kansas City. Honus Honus écrit aussi des chansons plus introspectives, mais elles auraient tendance à passer inaperçues dans le cabaret survolté.

Et pourtant, Man Man a mis de l’ordre dans son bric-à-brac flamboyant : moins de hurlements de leur leader, plus de cohérence dans l’enchainement des morceaux, pour un disque surprenant et assez jubilatoire. Maintenant, est-ce que les partisans d’un certain minimalisme musical resteront assis sur leur chaise jusqu’à la fin de la représentation ?

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Future Peg, Inner Iggy, The Presttiest Song of the World


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