Mad Foxes – ‘Ashamed’

Mad Foxes – ‘Ashamed’

Album / El Muchacho / 30.04.2021
Indie rock garage

Vous vous souvenez de ces évènements où les foules se retrouvaient pour écouter de la bonne musique, il y a un bon moment maintenant ? On appelait ça des festivals, et un des plaisirs qu’ils pouvaient nous procurer, c’était de nous donner l’occasion de se poster avec une mousse bien fraiche devant un groupe dont on avait à peine entendu parler auparavant, souvent en ouverture de la soirée sur la main stage. Un simple trio guitare-basse-batterie était alors capable de vous emmener très loin. On découvrait en direct leurs chansons et leurs tronches, dans un temps en suspension, gentiment euphorique, gorgée après gorgée de bière, et gorgée après gorgée de notes, aussi. Le soleil couchant illuminait la scène, et on finissait par se dire que c’était cool d’être là, surtout quand le trio en question assurait, enchainant riffs rock’n’roll et refrains fédérateurs sans jamais oublier d’alterner les sons et les ambiances. On marquait le rythme, on dodelinait de la tête. On était bien. Ces concerts-là n’avaient pas besoin de réinventer la roue. Il suffisait au groupe de savoir rocker, et l’adhésion du public était toute acquise. Ce qui, d’une certaine façon, rendait ces prestations aussi importantes que celles des têtes d’affiches.

Voici l’effet, précieux en 2021, que peut procurer Ashamed, le nouveau bébé des Mad Foxes. La production experte de Christophe Hogommat y est déjà pour quelque chose : le mix est malin et dynamique, de la grosse volée de bois sur le break final du tube Crystal Glass, guitare, basse et batterie en mode rouleau-compresseur-qui-écrase-tout-sur-son-chemin, jusqu’aux plus discrets soutiens acoustiques sur le planant Home et ses voix noyées d’échos, qui sentent bon les grands espaces sauvages. Sans parler de la manière dont Hogommat fait aussi sonner les solos et autres shreds épiques à la fin de Patience ou The Cheapest Friend

Mais peut-être que ce qui rend Ashamed aussi efficace, voire imparable, vient du fait que Mad Foxes a su ici trouver la bonne formule, celle que beaucoup de groupes tiraillés par des influences contradictoires n’arrivent pas forcément à trouver aussi vite. Le son ne s’est pas seulement musclé depuis le premier effort des trois nantais. Il a également su incorporer les tout derniers soubresauts du post punk anglais dans son stoner-rock US à tendance néo-psyché. Le dossier de presse parle d’Idles, bien entendu. On ne va pas se mentir : les incroyables Gender Eraser et Crystal Glass sont totalement sous l’influence de Joe Talbot et sa bande. Rien que sur les lignes de voix, c’est évident. Et cette influence, encore mieux digérée, fait également des merveilles sur la magistrale ouverture éponyme de l’album, plus grave et sérieuse – et plus hypnotique aussi, en dépit de sa courte durée.

Car Ashamed n’en oublie pas pour autant l’autre côté de l’Atlantique, à savoir des formations comme All Them Witches ou The Black Angels. En attestent Sights, Home, Fear of Love ou Charlie, dont le hook principal rappelle fortement celui d’Entrance Song, d’ailleurs. Avant de crier au plagiat, que tout le monde se détende : d’abord parce qu’il y a fort à parier que The Black Angels se soient eux-mêmes inspirés d’un groupe psyché plus ancien pour ce genre de plan bluesy bien poisseux. Et surtout parce que tout cela – le stoner ou le garage US, le post-punk anglais, le rock indé français – ce n’est au final qu’une histoire de rock’n’roll. Celle qui fait qu’un gobelet de bière et un putain de bon groupe qui joue devant vous deviennent vos meilleurs amis l’espace de 40 minutes. Et sinon, on les revit quand, ces moments là ?

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Ashamed, Gender Eraser, Crystal Glass, Patience, Charlie, Home


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