Lysistrata – ‘Veil’

Lysistrata – ‘Veil’

Album / Vicious Circle / 01.03.2024
Post hardcore noise

On le reconnaîtra aisément : contrairement à ses voisins germaniques, britanniques, ou même hollandais, le public français n’a jamais manifesté un très grand intérêt vis-à-vis de la scène noise rock. Ainsi, bien que les années 90 aient vu éclore de véritables joyaux nationaux tels que Sleeppers, Prohibition, Portobello Bones ou Doppler, tous ces groupes n’ont jamais vraiment réussi à rameuter beaucoup plus qu’un carré relativement limité de fidèles.

Débarqué comme une balle près de deux décennies plus tard, avec plusieurs EPs et albums dégainés en tout juste deux ans, Lysistrata – et son mélange de post-hardcore et d’indie rock – a très rapidement bénéficié d’un plus grand engouement que ses aînés, jusqu’à s’offrir une apparition télévisée à heure de grande écoute. Leur version d’Asylum alors expédiée en moins de deux minutes, potards et larsens à fond, sonnait comme un gentil pied de nez à l’ambiance formatée des plateaux télé…

Malgré ce démarrage en trombe, on n’avait plus eu beaucoup de nouvelles de la part des Charentais depuis Breathe In/Out (2019), ces derniers ayant après-coup reconnu que, contrairement à moult formations, l’épisode Covid aura été non seulement l’occasion pour chacun de reprendre son souffle suite à d’incessantes tournées, mais aussi de faire un break salvateur pour remettre les choses à plat. En 2022 pourtant, les trois compères nous ont gratifié d’une excellente collaboration avec Frànçois and The Atlas Mountains pour Park, projet combinant le meilleur des deux mondes et pas complètement étranger aux contours de ce nouvel album.

Car avec Veil, Lysistrata étend largement son terrain de jeu : de l’intro de Tangled In The Leaves, empreinte de folk mélancolique façon Shannon Wright, jusqu’aux rafales de grêle abrasives rappelant Gilla Band sur Rise Up ou à l’electro rock de Okay, le trio a manifestement décidé de ne se mettre aucune barrière et de se laisser porter par ses  nombreuses influences musicales. Plus que jamais, son indie/noise rock originel fait la part belle à de prenantes mélodies pop tout en procédant régulièrement à de jouissives déflagrations sonores, comme en atteste, au milieu de ces montagnes russes, un Acid To The Burn aux mélodies emo si chères aux Texans d’At The Drive In. De son côté, et tout en cohérence avec cette évolution générale, Ben Amos Cooper (batterie-chant) a choisi de mettre de côté ses phrasés ‘spoken word’ pour tendre davantage vers les registres post-punk et post-hardcore, voire pop.

Et aux manettes, Ben Greenberg (Metz, DIIV, Algiers, Beach Fossils, Portrayal of Guilt) n’est évidemment pas étranger au dépassement de soi comme à la remise en question dont a fait preuve Lysistrata pour signer ces dix titres impeccablement produits. Tous sont susceptibles de le mettre définitivement sur les rails d’une reconnaissance définitive, à l’international surtout en profitant – pourquoi pas – de l’appel d’air provoqué par The Psychotic Monks ou Slift : deux locomotives devant elles aussi beaucoup à l’accompagnement du label bordelais Vicious Circle, grand pourvoyeur de rock anglophone made in France.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Tangled In The Leaves, See Through, Horns, Okay, Rise Up, Acid to The Burn

EN CONCERT

1 Commentaire
  • Mai-Linh
    Posté à 21:21h, 04 mars Répondre

    Bel album, bel article, bravo

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