
04 Nov 23 Loverman – ‘Lovesongs’
Album / Pias / 27.10.2023
Dark folk
Touché en plein cœur. Du soundscape qui ouvre Another Place au parasitage final de Ballad Of The Songbirds, Loverman nous transporte, pour son premier album, dans des Lovesongs à la puissance émotionnelle rare. En convoquant pour celles-ci un bestiaire de références folk, ce nouvel Icare n’a pas peur de se brûler les ailes : on pense tour à tour à Johnny Cash (Into The Night, Would (Right In Front Of Your Eyes)), au Leonard Cohen de Songs Of Love And Hate, évidemment, pour son romantisme noir (Who’s Going To Love You), mais aussi à Nick Drake (Candyman) ou bien-sûr à Nick Cave, à qui James De Graef doit d’ailleurs son nom d’artiste (la chanson éponyme présente sur l’incandescent Let Love In). On y croisera également des chœurs féminins haut perchés qui semblent tout droit sortis des bandes originales de Danny Elfman, prenant le relais de sa propre voix, ténébreuse mais aussi empreinte d’un certain maniérisme vocal que n’aurait pas renié James Blake, comme en témoignent les saccades pentatoniques de Differents Aside.
Mais derrière le poids de ces références, que reste-t-il en termes d’identité propre ? Tout un monde, justement. Échappé de l’univers franchement barré de la formation Shht, Loverman surprend, questionne, émeut, bouleverse. Par sa simple voix, ses mots et ses arpèges de guitare, mais aussi par ses arrangements somptueux, comme dans la sublime introduction de Limbo (We’ll Meet Again). Invitant sa camarade Daisy Ray, toute aussi belge que lui, sur deux morceaux, Loverman s’impose comme le digne successeur de Tamino, dont il a d’ailleurs fait plusieurs premières parties. Traversé par les mêmes sensibilités, l’orient en moins mais le rouge carmin en plus, il nous annonce ainsi, quelques semaines seulement après la parution du Lovage de Timber Timbre, un automne bleu nuit chargé d’amour et baigné de larmes chaudes.
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