
04 Nov 20 Louis Jucker – ‘Something Went Wrong’
Album / Hummus / 30.10.2020
Folk bricolée
Si les derniers albums du musicien suisse Louis Jucker ont été composés en voyage, il a choisi, pour ce quatrième disque solo, de l’enregistrer chez lui dans un chalet du Valais, à la lisière d’une forêt, à 1500 mètres d’altitude. Vagabond dans ses projets comme dans ses multiples collaborations, Jucker a pris le temps de façonner le son et de planter le décor de Something Went Wrong en sélectionnant soigneusement les instruments, le matériel, et en écrivant ses chansons parfois sur plusieurs années. Sept ans après son premier album 8 Orphan Songs, il continue d’explorer une folk acoustique et psyché, fidèle aux sonorités qu’il explore depuis le début.
Sa musique, souvent étiquetée expérimentale ou lo-fi, est finalement bien moins dépouillée qu’elle ne paraît, et Jucker poursuit ses expérimentations sonores pour dresser avec les plus grandes transparence et sincérité un autoportrait musical en se demandant comment il en est arrivé là ? Il ouvre les portes de son intimité pour partager ses questionnements ; des questions existentielles propres à tous auxquelles il tente de répondre par des petits tableaux musicaux avec son arsenal d’instruments et de magnétos. Après une bonne dizaine d’années d’enregistrement derrière lui, il n’en est plus aux esquisses et donne plus d’amplitude à ce disque qui le mène, pour le citer, vers l’âge adulte.
Louis Jucker livre un recueil de morceaux aux sons analogiques ponctués de doux hasards et maladresses heureuses : il réussit à combler le silence avec des drones dans Losing Hair ou en frottant une caisse claire dans Shy of Fire. Attaché au lieu dans lequel il enregistre, il capte les bruits qui l’entourent, ici le son des cloches d’un troupeau d’ânes, ses compagnons de résidence avec qui il dialogue dans I Hate to Hurt the Hearts I Eat. Le songwriter fait également entendre les résonances frontales de sa guitare dans Our Easter Wedding ou To the Origin, ou encore un ton élégiaque dans Resilience pour mettre en lumière une proximité avec celui qui va l’écouter. L’atmosphère des montagnes où s’est réfugié cette fois le musicien réussit magistralement à transparaître par ses bricolages poétiques, et permet à l’auditeur de pénétrer pleinement dans le microcosme folk minimaliste de ces chansons brutes aux grains rugueux propre à son auteur.
A ECOUTER EN PRIORITE
Resilience, To The Origin, Shy of Fire
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