06 Avr 11 Looptroop Rockers – « Professional Dreamers »
Album
(Bad Taste)
11/04/2011
Hip hop
À la sortie du surprenant et touche-à-tout « Good Things » il y a maintenant trois ans, on a bien cru perdre pour de bon le Looptroop des débuts, celui duquel on ne cessait de s’éloigner depuis l’excellent premier opus « Modern Day City Symphony ». Toujours plus propre, chaque fois plus marqué par les affinités ragga/reggae de Promoe, perdu dans une multitude d’influences qui égratignaient la cohérence du disque, le combo suédois finissait peu à peu par donner raison à ses détracteurs l’ayant toujours plus ou moins considéré comme un groupe hip hop de seconde catégorie. Il était donc temps pour lui de relever la tête, de trouver le parfait compromis qui lui permette de sortir la tête de l’eau tout en restant fidèle à son éthique: celle, responsable de sa belle longévité, qui ne dissocie jamais la musique et le plaisir, et qui force constamment le quatuor a rester objectif sur la place qu’il occupe au sein d’une impitoyable industrie musicale.
Sur « Professional Dreamers », elle est encore là, intacte. Pour preuve, cet album ne fera une nouvelle fois pas l’unanimité, Looptroop Rockers ayant parfois fait des choix artistiques difficiles – mais toujours entièrement assumés – « censés » le faire évoluer (les gentillets et peu inspirés « This Music Sounds Better At Night », « Darkness », « Magic », « Late Nights Early Mornings »). Les plus vieux fans ne se feront donc pas plus longtemps d’illusions: bien que Cosmic revienne aux affaires après s’être temporairement éclipsé, que le message soit toujours aussi politique, que les productions mélancoliques et mélodiques d’Embee (comme ses beats francs) servent de fil rouge avec le passé, ils ne retrouveront pas le plaisir des premières heures. Mais tous verront au moins le tant décrié « Good Things » relayé aux oubliettes par ce cinquième opus qui ne manque pas d’arguments pour l’y pousser plus rapidement encore. Voilà qui, déjà, ne manquera pas d’en rassurer beaucoup.
Et pour enterrer définitivement son prédécesseur, cette nouvelle salve aligne anthems classiques pur jus (« Professional Dreamers », « Any Day », « Joseph (feat Lisa Ekdhal), comme plusieurs titres qui n’auront pas à pâlir aux côtés de leurs aînés. À commencer par l’efficace « Do » (feat Gnucci Banana) qu’on entendra certainement lors de quelques contests enflammés de breakdance. Suivent « On Repeat », réaction aux votes racistes en Suède dont l’impulsion débouche sur un bon titre electro hip hop auquel certains reprocheront peut-être à raison le refrain pop, et les indissociables « Sweep Me Away » et « Blow Me Away » dont les relents Bristolien laissent peu à peu la place à un dubstep énervé. Ainsi bien armé, Looptroop Rockers, sans regagner toutes ses couleurs d’antan, reprend aisément sa place parmi les groupes hip hop européens capables de rivaliser d’efficacité et de musicalité avec leurs homologues américains. On peut remballer nos craintes d’un album décousu et sans intérêt. Le groupe, lui, peut penser à la suite. On l’attend déjà.
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