Lonnie Holley – ‘Oh Me Oh My’

Album / Jagjaguwar / 10.03.2023
Avant garde jazz

Quatre ans après le très politique et magnétique Mith, Lonnie Holley revient avec un album plus épuré que jamais, étonnamment produit par Jacknife Lee (Crystal Castles, R.E.M., Bloc Party). Onze titres où les revendications prennent la forme de mantra qui vise l’harmonie et l’unification des êtres, et ce malgré les blessures, les douleurs et les injustices du passé comme du présent.

Misant sur un savant mélange d’acoustique (piano, cuivres, cordes, percussions) et d’électronique (synthétiseurs et claviers divers, traitement sonore), l’artiste pluridisciplinaire, autodidacte et proche de l’art brut, livre un album fait de réflexions philosophiques, de percées autobiographiques et de grandes idées pacifiques et humanistes. Du piano aquatique de Testing à celui plus spectral du morceau-titre, de l’electronica groovy du spirituel I Am A Part Of The Wonder à la menace synthétique d’Earth Will Be There, de l’acide et cauchemardesque Mount Meigs au parcellaire Better Get That Crop In Soon, du dispensable Kindness Will Follow Your Tears au très réussi None Of Us Have But A Little While, du sublime If We Get Lost They Will Find Us à l’éthéré I Can’t Hush en terminant par l’inquiétant Future Children, Oh Me Oh My propose un voyage permanent entre la terre et l’univers. Avec, pour nous guider, toujours cette voix, si chaude et prophétique, notamment lorsqu’elle se marie à la poésie de Moor Mother sur deux titres phares de la première partie du disque. Car Lonnie Holley n’évolue pas seul dans sa galaxie puisqu’on y croise, entre autre, Michael Stipe, Sharon Van Etten, Bon Iver, Rokia Koné ou encore Jeff Parker.

Souvent minimalistes au niveau des ambiances et de l’arrangement, les textures n’en sont pas moins travaillées avec une grande précision, pour laisser toute la place que méritent les textes, prenants, et les rythmiques obsédantes déployées tout au long du disque. Profondes, immersives, presque magiques, elles donnent à l’ensemble un réel mouvement et une vibration inhérente à cet univers si particulier fait de spiritual jazz, d’explorations ambiant et de spoken-word.

Méditatif, contemplatif et profondément introspectif, Oh Me Oh My laisse rêveur, à l’image de la voix de Lonnie Holley avec son grain et son vibrato si particuliers. Une voix qui semble sculpter les ondes comme sonder nos âmes pour leur apporter, enfin, la paix que nous méritons toutes et tous.