Lol Tolhurst, Budgie & Jacknife Lee – ‘Los Angeles’

Lol Tolhurst, Budgie & Jacknife Lee – ‘Los Angeles’

Album / Pias / 03.11.2023
Post punk electronica

New York, I love you but you’re bringing me down…‘ chantait, il y a seize ans de cela, James Murphy dans un titre de LCD Soundsystem devenu iconique. Le voici aujourd’hui à l’extrême Ouest du continent pour nous parler d’une autre ville, toute aussi glorifiée et figurant à elle-seule tous les fantasmes du rêve américain : Los Angeles. Ou L. A. pour les intimes, qui se retrouve ainsi au centre de ce disque tentaculaire, à son image et signé par trois paires de mains – ou de bras, puisque qu’on parle ici avant tout de batterie et percussions – et parachevé avec une pléiade d’invités. ‘Los Angeles eats its children!‘ scande cette fois-ci le cofondateur de DFA Records en guise de réponse californienne au manifeste de la Big Apple.

Mais remettons les choses dans l’ordre : lorsque Budgie, batteur de Siouxsie and The Banshees et des Creatures, rencontre Lol Tholhurst, membre fondateur des Cure passé successivement de la batterie aux claviers avant son éviction du groupe par Robert Smith juste après l’enregistrement de Disintegration, cela débouche sur un podcast, Curious Creatures, dans lequel les deux compères reviennent sur l’âge d’or du post-punk et de son héritage. Ce que l’on ne savait pas jusqu’alors, c’est que parallèlement à cette création radiophonique, le duo s’essayait, en studio et avec le producteur renommé Jacknife Lee (R.E.M., Bloc Party, Snow Patrol), à la composition d’une série d’instrumentaux sans savoir ce que cette nouvelle matière musicale allait devenir. Des enregistrements inspirés et inspirants, portés par un groove d’enfer, des gimmicks mélodiques obsédants et des textures électroniques policées, qui vont rallier à leur cause plusieurs voix emblématiques.

À commencer par celle de Bobby Gillespie (Primal Scream) sur trois titres : du gospel tendance madchester de This Is What It Is (To Be Free) au magnétique Ghosted At Home ravivant les plus belles heures du trip-hop et du big beat, en passant par le plus dispensable Country Of The Blind. Vient ensuite James Murphy, avec Los Angeles et le composite Skins, ainsi que The Edge (U2) avec deux instrumentaux, Noche Oscura et surtout le très krautrock Train With No Station accompagné d’un poème lu par une voix synthétique. Deux autres pistes sans chant se distinguent par leur singularité : Everything And Nothing, sublimé dans sa dernière minute par les arrangements de cordes de Davide Rossi, et le plus étrange  aux teintes ambient et hantées. Pour le reste, on retiendra les performances tribales et endiablées d’Arrow de Wilde (Starcrawler) et de Mark Bowen (Idles) sur Uh Oh, la voix vibrante de Lonnie Holley accompagnée par la harpe magique de Mary Lattimore sur le captivant Bodies, l’incursion hip-hop plutôt réussie de Pan Amsterdam sur Travel Channel et enfin l’hédoniste We Got To Move avec Isaac Brock (Modest Mouse).

Du beau monde donc, et l’agréable impression de revisiter, à travers cette sorte de monstre de Frankenstein musical, toute l’histoire et l’esthétique de la scène post-punk et electronica de la fin du siècle dernier. De quoi rester sans voix, justement, soufflé par le savoir-faire, la passion et la maîtrise de ces vétérans pour qui le plaisir de jouer semble dominer plus que jamais.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Los Angeles, Uh Oh, Ghosted At Home, Bodies


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