25 Avr 12 Lissy Trullie – « Lissy Trullie »
Album
(Wichita)
16/04/2012
Pop catchy
Il est loin le temps où chaque artiste se limitait à un art, à son savoir-faire et à son ambition. Aujourd’hui, tout le monde chante. Que ce soit la nouvelle star ou « The Voice », on recherche en permanence un nouveau gugusse capable de vendre des textes, souvent moyens, et un projet, souvent fumeux. Loin de nous l’idée de paraître un brin réactionnaire mais il est vrai que le passage d’une actrice au chant n’a pas toujours été une grande réussite, même quand l’actrice en question était merveilleusement accompagnée (oui, Mélanie L., tu es visée). Ces dernières années, même les mannequins sont passés de l’autre côté du micro. Au rock pour Agyness Dean, à la mièvrerie pop pour Sophie Ellis-Bextor.
Heureusement, il existe des artistes – puisque tel doit être leur nom – capables de choses plus concrètes. Avec son look un peu androgyne, Lissy Trullie est de cette catégorie. New Yorkaise de naissance, elle papillonne depuis toujours sans point fixe, et sans délimiter ses folles ambitions. Pour dire vrai, on la connaissait déjà pour l’avoir aperçue au festival des Inrocks en 2009 à l’occasion de son premier e.p « Self-Taught Learner ». Entre La Roux et The Strokes, le style de la jeune fille inspirait déjà la confiance.
Pour son premier album, la belle a les idées claires. Entourée par John Hill (Santigold, Mia) et David Sitek (Tv On The Radio, Yeah Yeah Yeahs), elle refuse d’être considérée comme beaucoup de ses collègues, c’est-à-dire comme quelqu’un qui a plus de style que de talent. Si on était ses parents, on se serait inquiété de telles fréquentations. Comme ce n’est pas le cas, on est plutôt rassuré de voir ces deux génies de la production aux commandes d’un album si court, si succinct, mais qui semble faire tellement de bien. Alors que ses précédentes productions prenaient quelque peu le chemin de la new wave, ici, la douceur de sa voix a d’emblée quelque chose d’hypnotique. Exit ses influences eighties, Lissy Trullie met les pieds dans le plat, remonte l’enfance et tend à explorer toutes les facettes de la pop catchy et de l’indie rock.
Reste à saisir où elle souhaite aller. Que symbolise l’album? Le jardin des métamorphoses, oui; une chronique de l’adolescence, pourquoi pas; mais encore? Ben, pas beaucoup plus en fait. Comme Free, celle qui, avec « Wearing Blue », signe le tube pop du printemps, a tout compris. Sans niaiserie excessive, elle perle ses compositions tranquilles de part en part grâce à une voix délicieusement effervescente. En plus de ses qualités d’oscillations, Lissy Trullie se révèle même plus légère que dans nos brefs souvenirs.
Bien que sa structure soit un brin trop prévisible, « Lissy Trullie » est un album aussi sucré que radieux qui ne prend jamais l’auditeur de haut. Mais à trop vouloir plaire, on quitte parfois la notion de désir pour entrer dans la notion de séduction. On ne se refait pas.
En écoute intégrale
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