Lincoln – ‘Repair and Reward’

Lincoln – ‘Repair and Reward’

Album / Temporary Residence / 05.08.2022
Emo post-hardcore

1992. Le web n’en est qu’à ses prémices, l’email n’est que science-fiction, la carte bancaire est adoptée, et le monde est secoué depuis plusieurs mois par le phénomène Nirvana et son album Nevermind qui incite les labels à trouver chacun leur poule aux oeufs d’or en fouillant au sein de la scène rock alternative et indépendante. Dans le même temps, Lincoln voit le jour dans l’état du Wisconsin sans savoir que sa carrière sera aussi courte que marquante. En effet, actif durant un peu plus d’un an seulement, le groupe s’est contenté de trois vinyles – deux Eps et un split en compagnie de Hoover – pour marquer définitivement les esprits, et être considéré avec respect comme une des formations fondatrices du post hardcore et de la seconde vague émo, un genre dont Rites of Spring allumait la mèche sept ans plus tôt.

A l’époque, autant dire que tomber sur un des disques de Lincoln relevait, sinon de la chance, au moins du pur hasard. Pour cela, il fallait avoir un disquaire à la pointe, ou un pote dénicheur de talents. Ceux-là furent rares mais bel et bien à l’oeuvre puisque la discographie du quatuor affichait son indisponibilité dès la fin des années 90, condamnant Lincoln à l’oubli, au mieux aux souvenirs nostalgiques. Jusqu’à ce que le label Temporary Residence ait la bonne idée de compiler l’oeuvre toute entière de la bande de Morgantown, et de la confier aux mains expertes de J.Robbins (Jawbox, Burning Airlines) pour lui mettre le petit coup de brosse à reluire qui va bien.

Muet depuis trente ans, Lincoln n’en offre pas moins en 2022 une des plus solides démonstrations d’émo et de basiques formidablement appliqués, dans leur plus grande diversité si on en croit les mélodies marquées de la première moitié du disque, et le ton majoritairement hardcore de la seconde. Toutes ces compositions ont poussé le groupe à flirter avec la perfection du genre. En attestent Benchwarmer, Sugarloaf, l’inédit Repair And Reward, et surtout Waterboy dont les guitares intenses, les voix criardes, et la rythmique pilonnée, le tout balancé avec tripes et émotion, sonnaient alors l’heure d’un genre appelé à être décliné durant des années au sein d’un spectre à la largeur sous estimé.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

Benchwarmer, Sugarloaf, Waterboy, Repair and Reward


Pas de commentaire

Poster un commentaire