Les Savy Fav – ‘OUI, LSF’

Les Savy Fav – ‘OUI, LSF’

Album / Frenchkiss / 10.05.2024
Art punk

Absent des débats depuis 2010, Les Savy Fav ne s’est depuis rappelé à notre bon souvenir que lors de réapparitions live, exercice favori d’un Tim Harrington resté toujours aussi habité et imprévisible une fois sur les planches, parfois au grand dam de sa dignité. Jamais donc le groupe n’a considéré son aventure comme une expérience révolue. Bien au contraire : si retour il devait y avoir, ça ne pouvait être que pour taper plus fort et plus haut encore. Et ambitions décuplées rimant souvent avec longue pause accordée, chacun en a profité pour vaquer à ses occupations : l’intenable frontman s’est plongé dans l’écriture de livres pour enfants tout en faisant face à des problèmes mentaux (sic), Butler et Jabour ont intégré le backing band de l’émission de Seth Meyers, Harrison s’est consacré aux beaux-arts, tandis que Reuland se faisait un nom en tant que scénariste pour la série Ballmastrz : 9009. Rien au final qui n’ait été plus fort que l’envie de se réunir à nouveau.

Scellé à son éternel sens de l’humour (Legendary Tippers), comme à un éclectisme inédit né des libertés et du lâcher prise qu’il s’est cette fois octroyé (le cuivré Guzzle Blood, Dawn Patrol, What We Don’t Don’t Want, Nihilists), Les Savy Fav renoue naturellement avec le chaos qui règne parfois lors de ses concerts, qu’il s’exprime à travers l’énergie dégagée (Barbs) ou par le biais de mélodies qui – on le voit d’ici – ne manqueront pas de faire se toucher les fils de ce bon vieux Tim Harrington une fois celui-ci face à (ou sur) son public (World Got Great). Surprenant quand on sait que le fil rouge de ce OUI, LSF n’est autre que les relations souvent compliquées qu’il entretient avec les gens. Et les paradoxes sont nombreux tout au long de ces 14 titres, qu’il fasse danser sur Somebody Needs a Hug en abordant sa difficulté à s’ouvrir aux autres par peur d’être blessé, ou qu’il chante un amour fané sur une ballade totalement épurée (Don’t Mind Me).

Une fois encore, le groupe montre ici son incroyable faculté à jongler avec des éléments simples qu’il imprègne de sa folie pour finalement les fusionner comme personne, comme s’il se refusait à la simplicité et à l’évidence. De fait, lorsque ses riffs de guitare sont particulièrement inspirés, on ne fait généralement que flirter avec le tube (Limo Scene, Mischief Night, Void Moon), notamment parce que ces mecs-là rechignent systématiquement à évoluer sagement dans un cadre conventionnel (Oi! Division). Certes, c’est souvent frustrant, mais c’est aussi de là que le Les Savy Fav tire une identité art punk qui, depuis ses débuts en 1995, n’a jamais véritablement eu d’équivalent. S’ils ont beau ne pas récolter tous les fruits de leurs ambitions nouvelles, aucune raison pour ces adulescents – au terreau incroyablement fertile – d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Limo Scene, Mischief Night, Somebody Needs a Hug, World Got Great

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