Left Handed Scientists – « Kill Your Computer »

Left Handed Scientists – « Kill Your Computer »

Kill Your Computer[Album]
01/01/2007
(Autoproduit/Autoproduit)

Aussi insaisissable que Kool Keith, Orko Eloheim, connu pour ses escapades aux côtés de Bigg Jus (Company Flow), a décidé de marquer une pause dans son voyage permanent à travers le monde. S’associant à Bazerkowitz, il forme Left Handed Scientists, entité certainement vouée à l’éphémère. Avec Mr Ridley et Orphan à la production, sans compter Teal et Orko lui-même sur un titre chacun, il semble bien décidé à profiter enfin de son expérience et de son incroyable talent de MC en proposant ce « Kill Your Computer » sorti de nulle part. Que les amateurs de Def Jux, Lex, et autres labels incontournables en soient certains: voici l’album qu’ils auraient aimé retrouver au sein de l’un de ces catalogues. D’abord parce qu’artistiquement, il appartient à un univers bien particulier, mais surtout parce qu’il surclasse nettement ce que la plupart de ceux-ci nous ont proposé ces derniers temps

L’intro nous mettant directement dans le bain par une narration d’extraterrestre de film de science fiction, il sera alors difficile de sortir de l’univers de ce duo habité. Car dés le premier titre (« Carried Off To War »), les deux Mcs usent d’un flow démoniaque qui risque, à l’avenir, de ramener un petit peu de challenge sur la scène hip hop, tandis que le beat explosif et le sample de chant grégorien amènent une ambiance comme seul El-P semblait en détenir le secret. « Constructive Destruction », lui, semblait partir de façon plus classique, jusqu’à ce que le beat jaillisse littéralement. Grâce aux scratchs et à ce long sample de violoncelle lancinant, en se croirait chez Wax Tailor. En plus acide. Quelque chose nous dit déjà qu’on tient peut-être là une des plus grosses surprises de l’année. Car aucune fausse note ne viendra bousculer l’équilibre et l’harmonie que les deux rappeurs ont trouvé avec leurs beatmakers, y compris dans un registre plus drum’n bass (« Skyscraper ») ou plus apaisé (« One Brain Cell »). Seul « Madness », un brin plus fantasque avec ses notes de flûte superflues, vient casser cette logique. Ca sent la récréation

Mais ce ne sera pas de trop car nous attend un passage sidérant, frisant la perfection. « Travellers Mantra » se charge de préparer le terrain et fait office de petite douceur avant la déferlante composée de « One Step For Mankind », « Higher Conscience », « Dark Wave » et « Understanding The Past ». Difficile de ne pas en ressortir complètement tétanisé d’excitation. Bien plus sombres et surtout suintant le hip hop, les versions de Mr Ridley et Orphan dégagent toutes des émotions différentes. Mais l’ambiance se fait quand même communicative et les Mcs rivalisent d’aisance et d’originalité, se révélant aussi tranchants quand le beat se fait plus saccadé ou quand la basse se fait lourde et pesante

On en redemande. Ca faisait trop longtemps que notre cerveau n’avait pas sécrété autant d’endorphine pour un album. On se dit alors qu’Orko Eloheim ne sera jamais un artiste comme les autres, qu’il ne cessera jamais de surprendre en livrant à chaque fois une oeuvre unique. Et si c’est parfois peu convaincant, il parvient la plupart du temps à sortir allégrement du lot. Nous, on espère entendre à nouveau parler de ces Left Handed Scientists qui semblent détenir une formule pour le moins convaincante, sujette aux plus folles suspicions

Ecoutez un extrait ici


No Comments

Post A Comment