L’Effondras – ‘Anabasis’

Album / Medication Time – Kerviniou – Araki – 98db / 21.05.2021
Post rock noise

Enregistré en 2019, Anabasis attendait finalement que les nuages disparaissent pour enfin éclore. Ce troisième long format de L’Effondras invite à abandonner l’urgence imposée par ce monde, et à se réapproprier la contemplation. Une convocation que les burgiens inscrivent dans la continuité de leur rock instrumental aux atmosphères aussi changeantes qu’un climat incertain.

Préférant repeindre par-dessus les horizons sinueux qu’il avait dessiné lors de ses précédentes productions, le trio, aux allures plus posées et au line up recomposé, se place à nouveau en fin observateur du temps qu’il distend à sa guise. Une patience qui fonctionne à merveille de bout en bout des cinq longs fragments de cet album formant un ensemble homogène : rien ne s’éparpille, tout prend forme dans la méticulosité des instruments pourtant engagés dans la saturation et de mélodies métamorphosées en mirages de grands espaces (The Griding Wheel, Ce Que Révèle l’Eclipse). Dans cette fabrique aux paysages mouvants et rocailleux, où durée et répétitions ne viennent jamais nous assoupir, le collectif alterne avec brio intentions claires-obscures et appels d’air flamboyants (Aura Phase, Anhedonia). Une nouveauté apparait dans le cheminement du groupe puisqu’une voix discrète sur le superbe Norea laisserait presque imaginer un plausible futur orienté vers le texte.

Selon l’endroit où l’on sonde son intimité, la sève du disque se fait tantôt libératrice ou angoissante. Le trio l’injecte judicieusement en laissant volontairement ouvertes les portes de la perception, tenant fermement la barre de son propos autant que la main de son auditoire dans les méandres de son univers racé. Disque après disque, et encore plus aujourd’hui avec Anabasis, L’Effondras convertit sa matière sonore en œuvre d’une splendeur irradiante qu’il est urgent d’acquérir pour qui aime côtoyer le magnifique et l’intense.