Le Prince Harry – ‘Be Your Own Enemy’

Le Prince Harry – ‘Be Your Own Enemy’

Album / Teenage Menopause / 29.03.2019
Synth punk

On rentre dans Be Your Own Enemy par la porte des urgences, projeté dans une salle de réanimation : les boites à rythme ultra rapides et les sons de claviers nous plongent en pleine syncope cardiaque. Dès les premières secondes de Part Of It, on assiste au dérèglement profond d’une machinerie sonore vouée à l’implosion. La seconde piste nous promet d’ailleurs la fin prochaine : All Is Lost. Ce troisième album du duo belge serait la bande son parfaite pour inaugurer la fusion d’un club de fitness et d’une salle de shoot. L’énergie est à la fois brute et déglinguée, les BPM sous speed et les distorsions toujours plus crades.

Be Your Own Enemy a été enregistré à ToxCity (Liège) en 3048 sous une pluie d’acide et de fonte métallique. Le Prince Harry aime se projeter dans un univers parallèle, comme en témoigne un des plus beaux artworks d’Elzo Durt : un magnifique face à face d’anatomies disloquées, ou les organes deviennent des prothèses et le réseau veineux remplace les cerveaux. Une image qui vient se superposer sur l’insert du vinyle avec les visages des deux membres du duo.

Dans un texte de présentation, le groupe distribue des cartes pour mieux nous perdre : ‘Considérez chacun des nouveaux morceaux du Prince Harry comme une porte géniale menant tout droit à une Forbidden Zone, où le roi, la reine, le nain, les filles nues et le Seigneur des Ténèbres, tous en surdose de stéroïdes, les yeux exorbités et le corps en sueur, viendraient transformer la sixième dimension en backroom aux murs suintant et à l’air saturé de vapeurs de poppers‘. Tout un programme. La présentation est narrative, et Be Your Own Enemy a des airs de bande originale de film post apocalyptique ou de jeu vidéo rétro de troisième guerre mondiale. Il y a, dans les sons 8-bits, des rythmiques qui nous évoquent parfois les bruits de Nintendo DS, instrument phare du groupe Xiu Xiu avec qui les prétendants au trône Liégeois ont parfois partagé l’affiche.

Si la première partie de l’album évoque une phase de réanimation perdue d’avance, elle reste esthétiquement proche des opus précédents et de Synthetic Love en particulier, marquée par la puissance et la rapidité des riffs de guitares. Le Prince se réinvente dans une seconde partie que l’on pourrait qualifier de post-opératoire, avec une domination plus grande des claviers et aussi une réduction des vitesses, une forme de réveil, d’accès à de nouvelles sphères (Twys). Comme pour offrir de nouvelles perspectives après nous avoir décrit un monde qui en était totalement dépourvu. L’ensemble de l’opus affiche moins de trente minute au compteur, parcourues à une vitesse rythmique nous donnant l’impression d’avoir accompli un long voyage, aussi exaltant qu’éprouvant.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Part Of It, Porto, Twys


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