Le Bien – ‘Sheeplanding’

Le Bien – ‘Sheeplanding’

Ep / Tadam / 28.03.2025
Rock psyché

On n’en finit plus de voir émerger de la cité phocéenne des groupes de rock à l’enthousiasme débridé, bouillonnant d’une énergie communicative, sans complexe aucun lorsqu’il s’agit de faire absolument ce qu’ils veulent avec autant de sérieux que d’autodérision. On en parle régulièrement dans ces colonnes, et l’on reste toujours ébahi par cette merveilleuse et généreuse spontanéité qui se dégage de la scène Marseillaise actuelle dont le vivier est, apparemment, encore loin d’être tari. La dernière pépite en date, on la découvre, surpris parce qu’inattendue, un matin au courrier : sur la pochette d’un CD, un agneau débarque dans un environnement rocailleux et, à l’intérieur, le premier EP au charme instantané d’un groupe nommé étrangement Le Bien. Sheeplanding, l’oeuvre en question, propose cinq titres combinant refrains pop imparables, rythmiques kraut obsédantes, glissades surf grisantes, effusions psyché étourdissantes et accélérations punk réjouissantes. Le tout magnifié par une écriture dont la touchante sensibilité est toujours débordée par une volonté ferme d’en découdre, ce qui se traduit par des fins de morceaux épiques, intensifiant au maximum leurs ressources mélodiques. Le résultat est quasi-immédiat : le sourire aux lèvres, la tête dans les étoiles et le désir irrépressible d’aller danser au Leda Atomica (où le groupe fera sa realease party le 03 avril).

Le Bien, c’est presque un conte, celui d’un type, Davy Sanna qui, seul dans sa chambre, décide de composer la musique que jouerait le groupe de ses rêves. Son frère, Thomas, est la bonne fée qui écrit pour le théâtre et choisit d’utiliser, en 2019, deux de ses morceaux dans l’une de ses pièces, ce qui conduira à la formation d’un groupe bien réel, dans lequel s’associeront Manolo Flores à la batterie (Théo Santinacci prendra le relai après l’enregistrement de l’EP), Alex Leboeuf à la basse, et Jamie Spacey à la guitare avec Davy – chacun officiant également au chant. Tous sont déjà dans d’autres groupes mais se décident, ensemble, à faire table rase du passé, de leurs habitudes et fréquentations, pour laisser surgir et s’épanouir le produit spontané de leur rencontre. Les morceaux existaient déjà, mais pas leur recréation à partir d’une expérience collective. Et c’est dans ce nouveau creuset qu’a bouillonné Le Bien, pour prendre la forme qu’il possède aujourd’hui, celle d’un groupe se reposant sur des mélodies en apparence simples et accrocheuses, mais laissant surgir sans que l’on s’y attende leur goût prononcé pour l’aventure et le lâcher-prise.

Le résultat pourra peut-être sembler perfectible aux oreilles des blasé.e.s, mais pour toutes celles et ceux qui peuvent s’enthousiasmer sur ces promesses de beaux lendemains que sont les chansons, il suscitera le désir immédiat de chanter seul ou en groupe, et ce sera là une grande affaire. Comment fait-on pour résister aux montagnes russes de Brick’s Click, avec ses claviers joueurs à la DEVO ? Comment ne pas s’embarquer sans peur de l’avenir sur n’importe quelle route en chantant à tue-tête l’air plein d’allégresse de Reon (ce que l’on peut aisément continuer de faire avec God’s Finger and Plan) ? Et le solo de guitare à la fin de Furry Coat, éloigné de toute démonstration mais pourtant flamboyant, n’est-il pas le parfait exemple de la manière dont un seul instrument, lorsqu’il est joué avec intelligence et inspiration, peut exprimer la quintessence d’un morceau pour le propulser, finalement, au-delà, là où tout peut arriver ? Quant aux huit minutes de Cannon Fodder, pour terminer, ne sont-elles les meilleurs moyens pour aller toujours plus loin dans la frénésie, jusqu’à atteindre une forme de paroxysme libérateur, pour peu que l’on soit suffisamment téméraire ?

Le Bien, c’est ça, cette volonté de ne pas rester enfermé dans le cadre normé d’une chanson mais, toujours et au bon moment, de fracasser celui-ci pour en libérer toutes les possibilités. La preuve que l’idéal peut et doit transfigurer le réel, ce qui s’avère être une définition plutôt prometteuse du Bien.

Photo : Ludivine Hamoniaux

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Reon


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1 Commentaire
  • Jamie Spacey
    Posté à 15:36h, 02 avril Répondre

    ❤️

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