
04 Nov 20 Laura Veirs – ‘My Echo’
Album / Bella Union / 23.10.2020
Folk
C’est avec une voix étrangement juvénile et apaisée que Laura Veirs porte les déchirures et les paradoxes qui ont émaillé sa vie cette dernière année. Son onzième album, My Echo, est traversé par une douceur bienvenue, capable d’apaiser toutes les crises.
Qu’elle se frotte à l’americana (Memaloose Island, All The Things), aux ballades languides (Freedom Feeling, End Times, Vapor Trails), ou pop (Another Space And Time, Turquoise Walls, Burn Too Bright), l’américaine impressionne par la maîtrise de chaque titre, l’homogénéité de son album, la discrétion et la pertinence des musiciens et des voix qui l’accompagnent : Jim James (My Morning Jacket), Bill Frisell, Karl Blau, Matt Ward.
La grande sérénité qui se dégage de My Echo est d’ailleurs son seul défaut : pas de rupture, pas de bouleversement, pas de déséquilibre ou pourraient vraiment s’engouffrer nos émotions. Cela-dit, l’album n’en est pas moins une belle réussite et semble répondre en cette fin d’année – dans sa facture, ses thèmes, et l’effet apaisant – à celui produit par The Innocence Mission au printemps. Dès le premier titre, Freedom Feeling, un vibrato nuageux, infiniment délicat, porte le chant diaphane de Laura Veirs, et dissipe le brouillard où les crises ont plongé nos vies ces derniers mois.
Puis Another Space And Time et Turquoise Walls, les deux singles qui ont porté la promo, installent une orientation pop lisse, voire transparente, malgré les efforts d’arrangements bossa sur le premier. Mais si l’ennui nous a presque gagné, le meilleur reste pourtant à venir avec Memaloose Island, End Times, Burn Too Bright et Brick Layer, tous quatre aussi différents (americana, piano-voix, pop, guitare-voix) qu’efficaces. Jusque dans les derniers titres de l’album, moins remarquables, l’inspiration sereine que Laura Veirs impose à ses mélodies, et notamment aux guitares (la marque de Bill Frisell ?) ou au piano, assure un plaisir d’écoute, un attachement à cet écho qu’elle ne cesse d’évoquer.
Ce n’est pourtant pas un petit défi que réussir à communiquer autant d’amour et de délicatesse lors qu’on sait que la genèse de cet album fut celui de nombreux bouleversements pour la chanteuse. Réalisé avant les crises de cette étrange année, elle parle beaucoup de réclusion, d’introspection, de confinement en somme. Chaque titre interroge ses peurs, ses déséquilibres, et débroussaille tranquillement les incohérences de la vie qu’elle menait. L’écho dont il est question ici n’est pas à chercher dans les vibrations du monde, mais juste dans un équilibre intérieur. Ce désir de cohérence personnelle, cette thérapie poétique et musicale, l’amènera à changer radicalement de vie dans les mois qui suivront. Le miracle de My Echo est d’avoir été la matrice tranquille de cette gestation. Et c’est en cela que chaque note, chaque mot que nous offre ici Laura Veirs a une valeur inestimable.
A ECOUTER EN PRIORITE
Freedom Feeling, End Times, Burn Too Bright, Brick Layer
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