Lambrini Girls – ‘You’re Welcome’

Lambrini Girls – ‘You’re Welcome’

EP / Big Scary Monsters / 19.05.2023
Punk

Bienvenue chez les Lambrini Girls. Tout y est le contraire d’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Ici, on hurle en continu, on agresse les instruments pour produire le plus de bruit possible et, en guise de devanture accueillant le visiteur de passage, un lamentable étron entouré de flammes de mauvais goût. On a connu plus engageant, il faut l’avouer. Mais contre toute attente, on s’y sent très bien, chez ces filles de Brighton ; mieux, en tout cas, que dans un intérieur bien propret cochant toutes les cases du bon goût et de la bienséance. Parce qu’il est évident que toute cette transgression, ce vacarme, cette ironie est au service d’une attitude fondamentalement chaleureuse et accueillante, ménageant une place pour toutes et tous.

Les Lambrini Girls viennent donc de sortir leur premier EP, You’re Welcome, après avoir jeté les bombes incendiaires que furent les singles Lads, Lads, Lads, White Van et surtout l’hymnesque Help Me I’m Gay. Outre les références revendiquées par le groupe (Bikini Kill et Le Tigre), on pense parfois à Amyl And The Sniffers, en plus punk et politisé, complètement hors de contrôle. Dès le premier titre, le furieux Boys In The Band, c’est l’hostilité et l’agressivité de certains hommes, à l’égard des femmes en particulier, lors des concerts, qui sont visées (un constat également et courageusement partagé par les Psychotic Monks de ce côté-ci de la Manche), et le reste de l’album continuera, pied au plancher, sur la voie de l’affirmation tonitruante de la pluralité des identités, avec comme projet de créer des formes du lien social débarrassées des enjeux de pouvoir. Phoebe Lunny (chant/guitare) et Lilly Macieira (basse), comme leurs consoeurs de Ma(h)ol, s’acharnent par les moyens les plus subversifs et détonants possibles à faire disparaître tout ce qui empêche le monde du rock d’être un espace inclusif. Et il en avait sans doute bien besoin, ce monde, d’être secoué dans ses certitudes et ses habitudes par des formations Queer joyeusement hors cadre et revendiquant résolument une liberté que l’on trouvait jusqu’à présent normal de limiter. Lunny et Macieira ne se lèvent pas pour se casser, mais pour prendre le micro et ne plus le lâcher.

On aurait tort, toutefois, de penser que l’esprit revendicatif donnerait à l’ensemble une tournure sentencieuse. Car les Lambrini Girls assènent leur propos autour d’un véritable feu de joie. Tout, ici, est excessif : ça joue fort et vite, ça crie plutôt que ça chante, mais ce refus systématique de correspondre aux attentes minimales et prévisibles de l’auditeur lambda procure une jouissance immédiate, d’autant plus que l’on sait qu’il est lié au désir de s’opposer aux rapports de pouvoir établis. On a là l’équivalent d’une révolte dadaïste -le contenu politique en plus- qui, de l’esthétique scabreuse de la pochette à la virulence du propos, en passant par le foutoir musical qu’elle génère, nous détache joyeusement des convenances pour nous permettre d’adopter un regard neuf sur le monde, sans a priori. Punk, radicalement, viscéralement, consciemment : bienvenue chez les Lambrini Girls !

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Help Me, I’m Gay ; Boys In The Band ; Lads, Lads, Lads, Lads


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