19 Nov 20 Laetitia Sheriff – ‘Stillness’
Album / Yotanka / 06.11.2020
Indie rock
Guitare-basse-batterie. Dès les premiers accords de l’inaugural People Rise Up, le ton est donné : Laetitia Sheriff ne compte pas explorer des horizons d’orchestration inconnus, recherche qu’elle développe davantage au sein de ses multiples collaborations, de Mansfield.Tya à EZ3kiel, en passant par Chapi Chapo dont l’album parait dans quelques semaines.
L’efficacité en ligne de mire. Comme une manière, nécessaire, d’affirmer que le rock sans fioritures ou concessions est encore en vie, malgré un corps exsangue et dépourvu de ce qui le tient debout : le live. C’est d’ailleurs dans des conditions de concert qu’a été enregistré Stillness dont le nom vient souligner le problème que pose l’immobilité contemporaine des musiciens, des tourneurs, des régisseurs ou des techniciens.
Les influences de la Rennaise lui collent à la peau, et elle s’en balance. Il reste inévitable de penser aux guitares de Thurston Moore sur People Rise Up, à PJ Harvey à l’écoute du très beau A Stirring World. On songe aussi à Sleater-Kinney (Sign Of Shirking) ou à Maria McKee (sur le très entêtant et réussi Deal With This). Laetitia Sheriff est tout simplement la somme de ces influences nineties, dont elle maintient le flambeau et le type de son : celui de l’absence de compromis et du direct. Loin du simple pastiche, la force mélodique de la Dame, tout au long des compositions, a quelque chose du classique instantané.
Si l’on s’arrête sur le reproche basique, consistant à dire qu’un tel disque aurait pu sortir tel quel en 1995, on peut aussi souligner qu’il aurait alors indéniablement fait partie des albums de l’année. Même l’artwork, avec le bleuté et la texture abimée de la photographie, a des airs de livret grunge vieilli et scanné. Laetitia Sheriff vise l’intensité plus que la singularité. Et l’impact sur l’auditeur est évident. On a le sentiment d’avoir fait siens les morceaux, les fredonnant déjà à la seconde écoute. Autre fait notable, et preuve de la rigueur de la musicienne toujours accompagnée par ses deux acolytes Thomas Poli et Nicolas Courret (auquel s’ajoute Clément Lemennicier aux cuivres sur trois des titres), pas un des dix morceaux n’est en dessous des autres : il y a une homogénéité tant dans la qualité que dans l’énergie.
Et si l’on songe aux nineties comme à une ère révolue, force est de constater que l’époque actuelle fait naitre le désir d’y revenir tant elle n’a tristement rien à lui envier. Et ce retour en arrière esthétique fait un bien fou : on s’y enfonce la tête comme une autruche, pour oublier le reste. À prescrire pour pallier aux antidépresseurs.
A ECOUTER EN PRIORITE
People Rise Up, A Stirring World, Deal With This
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