La Colonie de Vacances – ‘Echt’

La Colonie de Vacances – ‘Echt’

Album / Vicious Circle / 28.01.2022
Math rock quadriphonique

La Colonie de Vacances sort son premier album. Voilà qui peut sembler incongru tant ce groupe draine depuis plus d’une décennie tout un pan du math-rock hexagonal. Pourtant, en dehors d’un split des quatre formations faisant son noyau et d’une collaboration avec Greg Saunier (Deerhoof), ce monstre quadricéphale issu du mélange en magma d’Electric Electric, Marvin, Pneu et Papier Tigre n’avait jamais sorti d’album. Mais passer d’un dispositif scénique qui a fait sa renommée (quatre formations, chacune placée dans un coin de la salle) à un enregistrement en stéréo n’est pas une chose aisée, surtout dans un registre propice à générer des états de transe par la communion qu’il instaure avec son public. C’est probablement cet écueil qui avait jusqu’à présent fait de La Colonie De Vacances un supergroupe focalisé sur le live.

La pochette, en découpage disséminés, annonce la teneur du projet. Comme on tente de reconstituer l’image originale en observant ces morceaux semblant issus d’une (ou plusieurs?) estampes japonaises, on tentera d’identifier les sources sonores à l’écoute de ECHT composé à l’aide de six guitares, cinq voix, quatre batteries, quatre claviers, et deux basses. Les lignes de crédits de l’album sont d’ailleurs vertigineuses, pas mal des douze musiciens du dodecatuor jouant eux-mêmes plusieurs instruments au sein de cet agrégat sonore abstrait,  difficile à disséquer sans le support visuel d’ordinaire offert par le live : un petit jeu qui a quelque chose du fameux diptyque aiguille-botte de foin.

Peu à peu donc, l’oreille arrête d’enquêter, le cerveau évacue ses réflexes du ‘Qui est-ce?’ pour se laisser porter par cette batucada qui aurait volontairement tourné au désastre, renversant les rythmes dansants et joviaux des percussions brésiliennes pour leur substituer des sonorités triturées, agressives et marginales. La Colonie de Vacances offre alors une expérience jubilatoire de joie contemplative au coeur du chaos. De L’Amour Universel introductif en quadruples croches saturées, au bien plus calme Fernweh qui conclut l’affaire, en passant par le merveilleux L’Odio Ha Pazienza et ses voix triturées devenant percussives, ou Z.Z.Z et son très beau clip évoquant tant la crise de tétanie que la poésie de l’infiniment petit, les quatre ensembles exposent un panel très large de leur potentiel commun. Un panel que l’on aura hâte d’aller découvrir, debout, bien entouré de quatre scènes et d’autant de témoignages de vitalité, d’énergie et de créativité.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
L’Amour Éternel, Z.Z.Z. , L’Odio Ha Pazienza, Les Chiens


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