King Krule – ‘The Ooz’

King Krule – ‘The Ooz’

Album / XL / 13.10.2017
King rules


Parallèlement à la sortie très attendue de son nouvel opus, le jeune King Krule fait aussi beaucoup parler de lui ces derniers temps au sujet d’une anecdote, celle d’avoir été contacté en personne par Kanye West pour une collaboration qu’il aurait tout simplement décliné afin de ne pas s’éparpiller et pouvoir tranquillement peaufiner la réalisation de ‘The Ooz’. Cela reste bien entendu une anecdote, mais elle en dit long sur l’engagement et l’imprévisibilité du jeune londonien. Du haut de ses 23 ans, Archy Marshall a déjà tout d’un grand. Originaire du sud de Londres et viré de tous les établissements scolaires par lesquels il est passé, l’anglais a acquis de manière très précoce un énorme background musical, ce qui lui permit au fil des années d’affiner son identité, son style, son exigence et ses envies.

Droit dans ses bottes et réfléchi, Marshall réagit donc au succès de son précèdent album ‘6 Feet Beneath The Moon’ publié en 2013, et revient cette année avec ‘The Ooz’, un disque intense et complexe, à la fois frontal et fragile, sombre et dérangeant. La musique et les textes du londonien semblent ici plus que jamais inspirés, matures et maîtrisés, faisant de cet opus l’un des plus profonds et possédés entendus cette année. Toujours aussi difficile de coller une étiquette tant c’est rempli de détails sonores et de références, allant du punk au hip-hop, du free jazz à la new wave. L’écoute s’avère être un long voyage dans l’esprit tourmenté du britannique qui dépeint ici sa ville, son pays, et les problèmes existentiels de toute une génération qui est la sienne. Avec beaucoup de lucidité, Marshall mesure pleinement l’impact de son œuvre et tente de bousculer les mentalités sans pour autant chercher à s’afficher comme un porte-parole.

Une rage et une déprime personnelle qu’il parvient avec brio et authenticité à mettre au service d’une musique aux aspects parfois quasi cinématographiques. Des ballades âpres (‘Czech One’) et des titres plus virulents (‘Half Man Half Shark’) sur lesquels il relate les maux, les pulsions et les changements d’humeurs (‘The Locomotive’) mais aussi des amours chaotiques et des relations compliquées (‘Slush Puppy’). Il s’intéresse de plus en plus à la politique et plus particulièrement à celle de son pays qu’il peut juger parfois à la dérive, et critique frontalement la société de consommation comme sur ‘Biscuit Town’ (‘Fuck, that’s Coca-Cola. As TV sports the Olympic ebola‘).

Certains auront toujours tendance à qualifier les disques du londoniens comme étant des œuvres décousues, à mi-chemin entre démos bancales et morceaux plus aboutis. Mais malgré parfois ce manque de cohérence entre les pistes, chaque album de Marshall jouit d’une incroyable richesse émotionnelle et musicale, et de bon nombre de propositions sonores qui ne font que se bonifier avec le temps. Plus qu’un nouveau chapitre, c’est un véritable fil conducteur qui est en train de se dessiner au fur et à mesure que le britannique avance dans sa discographie, chacun de ses disques donnant un peu plus les clés pour comprendre le précédent.

A l’heure où les Streets de Mike Skinner annoncent leur retour pour 2018, King Krule continue lui de se bâtir l’une des plus passionnantes discographies que le Royaume-Uni nous ait offert ces dernières années. Une œuvre et un artiste qui feront date dans le paysage musical anglais de ce début de siècle. Si vous souhaitez être bousculé, écoutez donc ‘The Ooz’ : on en ressort indéniablement pas indemne.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
‘Biscuit Town’, ‘The Locomotive’, ‘Dum Surfer’, ‘Slush Puppy’, ‘Logos’, ‘Vidual’, ‘Bermondsey Bosom (Right)’, ‘Half Man Half Shark’


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