King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘The Silver Cord’

King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘The Silver Cord’

Album / KGLW / 27.10.2023
Electro fourre-tout

Remettez les cuirs au placard, lavez-vous les cheveux et préparez-vous pour samedi soir : faisant suite au thrash metal de PetroDragonic Apocalypse sorti cet été, The Silver Cord va mener ses auditeurs en milieu 100% électronique. Rarement chez King Gizzard & the Lizard Wizard, pourtant déjà reconnu comme véritable caméléon musical, l’écart stylistique aura été aussi grand. Exit les guitares, l’idée d’un tel album est partie de l’iconique batterie Simmons des années 1980, autour de laquelle les musiciens ont réuni un bataillon de claviers, d’effets analogiques et autres synthétiseurs en tout genre, aussi bien évocateurs des débuts de la musique électronique populaire que de l’ambiance schizophrénique de la fin du deuxième millénaire, entre rave parties obscures et tubes commerciaux à gogo. Dans un goût rétro-kitsch pleinement assumé à l’image de la pochette de ce vingt-cinquième album, les Australiens célèbrent donc sans aucune limite leur propre fête du synthétique.

A l’écoute d’une promesse aussi excitante, il faut reconnaître que le doute a été le premier sentiment à pointer son nez. The Silver Cord aurait pu passer pour une sortie anecdotique dans la discographie vertigineuse du groupe, si ce dernier s’en était tenu aux trente minutes du premier disque. Dans cette version condensée et simplifiée, tout va presque trop vite au point d’en être frustrant. La plupart des morceaux s’enchaînent dans des transitions précipitées au détriment de développements mélodiques ou d’arrangements pourtant stupidement efficaces. Comment profiter du haut potentiel dancefloor de Set en aussi peu de temps, ou se rendre compte jusqu’où la formation a poussé le concept de Butterfly 3000 avec Chang’e et ses arpégiateurs ? Heureusement, l’exercice de synthèse était presque trop ennuyant pour la troupe de Stu McKenzie qui s’est fendue d’une sortie parallèle des mêmes morceaux, sous un format extra large qui sera pour les plus aguerris des auditeurs un épais terrain sonique d’une heure et demi à disséquer. L’esprit festif initié par Tom Moulton dans les années 1970 traverse l’album de la première à la dernière seconde, chaque piste d’origine s’y voyant transposée dans une version essentiellement instrumentale dépassant la dizaine de minutes. Il n’est pas question de répétition pour le plaisir d’étirer le compteur, mais plutôt d’énergie et d’exploration. Calibrés ainsi, nul doute que ces sept titres prendront tout leur sens sur scène, où la machine gizzardienne excelle.

Il est difficile de revenir sur l’album-vitrine d’une demi-heure sans ressentir un certain manque, une fois digérée la version longue. On pourrait disserter longtemps sur les sentiments contradictoires qu’inspire le côté toujours plus éclectique et hyper productif de King Gizzard. Sans le nom de ses géniteurs accolé à son titre, il est probable qu’un album de la trempe de The Silver Cord aurait nettement moins retenu l’attention, se fondant dans la masse de sorties de niche bien produites, bien écrites, et pourtant paradoxalement trop… faciles ? Mais dans la mesure où le cas des Australiens relève du prodige dans le rapport quantité/variété/qualité, cette virée en contrée électronique se révèle être une réussite.

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The Silver Cord, Set, Extinction

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