King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘Phantom Island’

King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘Phantom Island’

Album / P(Doom) / 13.06.2025
Pop symphonique

Devant la pauvreté affichée par nombre de musiciens devenus prévisibles à force de répéter une recette maîtrisée sur le bout des doigts, le cas King Gizzard & The Lizard Wizard fait figure d’exemple à suivre. Novateurs comme s’ils se découvraient chaque fois en même temps que leur public, toujours prêts à prendre des risques et à sortir de leur zone de confort, les australiens semblent ne jamais envisager la musique autrement que par le prisme d’une éternelle remise en question. Garage punk à leurs débuts, leur rock s’est ensuite joué des formats et des genres en s’affublant le plus souvent de concepts, parfois forcés tant ils auront ici ou là fait légèrement dévier le groupe de son inspiration naturelle. De fait, depuis le début des années 2010, le bande de Stu Mackenzie n’a pas goûté à tout, mais presque : jazz, folk, rock progressif, blues, electro, rock psychédélique, métal, thrash, krautrock ou synthpop sont ainsi passés dans l’escarcelle de ces Aussies, écumant peu à peu les possibilités qui leur sont offertes.

Pour son 27ème album, King Gizzard & The Lizard Wizard est donc allé piocher là où il ne s’était encore jamais aventuré : dans la musique symphonique, en lui empruntant ses cordes, cuivres et bois afin agrémenter son ADN psychédélique. Née de sa rencontre avec l’orchestre philharmonique de Los Angeles lors de son concert au Hollywood Bowl en juin 2023, puis de la session studio de Flight b741 qui aura laissé une dizaine de morceaux sur le carreau, l’initiative aura malheureusement pris plus temps pour se concrétiser que pour nous laisser sur notre faim. L’effort de composition et d’arrrangement a beau être palpable tout au long de ce Phantom Island, sa production édulcorée se révèle vite bourrative, pour ne pas dire écoeurante. Si les titres les plus forts parviennent à rester de belles chansons (l’entame éponyme, Lonely Cosmos, Aerodynamic), les autres, par leur manque de silence et leur densité instrumentale, nous replongent au mieux dans les génériques télévisés les plus kitsch des années 80 (Deadstick, Eternal Return), au pire nous donnent une furieuse envie de faire avaler flutiaux, archets et trompettes trop peu discrets à leurs propriétaires.

La prise de risque ne va jamais sans pots cassés et King Gizzard & The Lizard Wizard a le charme de ceux qui ne s’évertuent pas à recoller les morceaux. Le groupe australien enchaine les albums comme autant de chapitres de sa carrière, et possède cette faculté à tourner les pages aussi facilement qu’il retrouve le chemin des studios. Phantom Island ne restera donc pas une étape incontournable de son immense parcours et, c’est tout l’avantage du musicien hyperproductif, se fera rapidement oublier dès lors qu’un successeur lui emboitera le pas. Au pire, ça nous coûtera quelques plaquettes de Vogalib…

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Phantom Island, Lonely Cosmos, Aerodynamic

EN CONCERT

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