King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘Omnium Gatherum’

Album / KGLW / 22.04.2022
Psychérama

On ne compte plus les disques de King Gizzard & The Lizard Wizard, on préfère désormais en faire une moyenne annuelle sur une base mathématique simple : 10 ans d’existence, 20 albums au compteur maintenant que ce Omnium Gatherum a vu le jour après dix mois d’absence et plus encore de séparation forcée. Tant d’efforts de composition ont toujours amené jusque-là les australiens à s’encombrer de concepts et d’autant de challenges à accomplir une fois entrés en studio. En cela, ce nouveau disque marque comme une rupture avec le passé : il est libre comme l’air, se moque totalement des formats (preuve en est l’entame The Dripping Tap et ses 18 minutes de démonstration psyché-prog), et fait surtout se côtoyer les moindres envies musicales du collectif sans qu’il ne se préoccupe d’une quelconque cohérence.

Et pour cause, comme s’il était l’heure de faire le bilan de sa carrière, King Gizzard & The Lizard Wizard retourne bouffer ici à tous les râteliers qu’il a visité tout au long de son existence. Si elle prend parfois des airs de compilation, la démarche a le mérite de ne pas voir tous les morceaux se rassembler comme cela pouvait parfois être le cas chez lui ces dernières années. Au fil de ces 16 titres, le groupe arme donc les guitares fuzz de ses débuts, se replonge dans la pop synthétique des derniers albums, cède de nouveau aux charmes du jazz-funk autant qu’il se soumet au heavy metal, sans oublier de signer quelques belles douceurs psychédéliques au groove imparable (Magenta Mountain, Kepler-22b, Presumptuous). Mais ce n’est pas tout ! Parce qu’il fallait aussi apporter un peu de nouveauté à ce double album, les sbires de Stu MacKenzie s’essayent aussi au hip hop avec une réussite surprenante, et avec une fraicheur qui n’est pas sans rappeler les Beastie Boys du début des années 90 (Sadie Sorceress, The Grim Reaper). Sûrement une façon comme une autre pour King Gizzard & The Lizard Wizard de rappeler à quel point ses forces sont infinies, son éclectisme est grand, et qu’avec lui tout est toujours possible. Alors que le sextet est sur le point d’entamer une nouvelle décennie, ce Omnium Gatherum – presque trop généreux – gagne le pari pourtant difficile de remettre en rang les fans de toujours comme ceux rendus plus sceptiques au fil du temps. Balles neuves !