
23 Août 19 King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘Infest The Rat’s Nest’
Album / Flightless / 16.08.2019
Heavy metal
Tel un rituel, King Gizzard and the Lizard Wizard a pris l’habitude de sortir plusieurs albums au cours de la même année. Pour son deuxième de 2019, le groupe australien embrasse le thrash metal dans un décor apocalyptique de fin de vie sur Terre : un domaine sur lequel il revient avec brio depuis Murder of the Universe (2017).
En sept ans, et au gré de changements esthétiques impulsifs, la bande de Stu Mackenzie nous a gratifié d’une riche discographie, composée de 15 albums tous plus singuliers les uns que les autres. Cette année vérifie plus que jamais ce trait de caractère : après le délicieux caprice électro-glam Fishing for Fishies paru en avril dernier, Infest the Rats’ Nest confirme bel et bien que le métal peut aussi n’être qu’une humeur passagère. Exit donc les synthétiseurs, la flûte, l’harmonica et les expérimentations bucoliques du précédent album, le groupe – réduit au format trio pour l’occasion – allie ici le heavy métal au stoner rock teinté de nappes psychédéliques pour adresser son manifeste le plus délibéré et succinct à un monde où même les alarmes climatiques les plus pessimistes font à peine réagir nos décideurs politiques. Dans ce contexte critique où une bonne dose de métal distillée en intraveineuse semble être le seul antidote face au mépris des puissances destructrices de notre planète, Infest The Rats’ Nest présente une vision du futur où la race humaine fuit la Terre pour coloniser la Planet B. Avec ses salves percussives accompagnées de riffs furieux, et un refrain porté par une voix rappelant celle de James Hetfield (Metallica), cette entame réveille le souvenir du Highway Star de Deep Purple.
Autant d’indices annonciateurs d’un album hommage au métal des années 1980 que les australiens ne tardent pas à confirmer. Avec Mars For The Rich d’abord, dont le groove entraînant, épicé d’effets de guitares fantasques, offre l’un des thèmes lyriques les plus amusants du disque; avec Superbug ensuite, sur lequel Mackenzie, en favorisant des hurlements sans crochets et des rimes minimalistes, atteste que le King Gizzard version thrash porte toujours en lui son timbre stoner-rock. Plus tard, en conclusion de la deuxième face de l’album racontant les périples d’un groupe de personnes tentant de s’échapper (en vain) de la Terre pour vivre sur Vénus (Venusian 1 et Venusian 2), l’hymne Hell – à la mélodie entêtante – enfonce le clou avec un déferlement de riffs de guitare en spirale, et des passages plus spacieux laissant place aux percussions les plus furieuses entendues sur ce disque. Pourtant, avec sa voix presque hardcore et un drop massif ponctué de vibrations abyssales qu’il nous tarde de ressentir en concert, c’est sans aucun doute l’épileptique Organ Farmer qui remporte le prix du titre le plus lourd de cette deuxième salve de l’année. Peut être aussi l’un des albums métal les plus excitants de la rentrée.
A ECOUTER EN PRIORITE
March for the Rich, Organ Farmer, SuperBug, Perihelion, Hell
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