28 Avr 19 King Gizzard & The Lizard Wizard – ‘Fishing For Fishies’
Album / Flightless / 26.04.2019
Rock psychédélique
Un peu moins d’un an et demi se sont écoulés depuis la sortie du dernier album de King Gizzard and The Lizard Wizard : une éternité tant les australiens ont fini par nous acclimater à leur cadence effrénée en réussissant notamment le tour de force aussi génial qu’insensé de sortir cinq albums en 2017. Fort de cet exploit quasi homérique, et après avoir écumé les salles de concert du monde entier tout en assumant sa position de groupe de rock le plus fascinant de la décennie, le septet revient cette fois à un style qu’on lui aurait presque oublié depuis le très vénérable Paper Mâché Dream Balloon.
Cette pause, que l’on imagine salvatrice quant à la santé physique et mentale de ses membres, aura finalement permis à la machine infernale menée par Stu Mackenzie de pouvoir se recentrer sur un son plus épuré, en mettant légèrement de côté les expérimentations techniques caractérisant la cavalcade d’albums parue depuis Nonagon Infinity.
Il en résulte un opus qui, bien que tranchant radicalement avec la violence et la noirceur des albums de 2017 (exception faite de Sketches of Brunswick East), se révèle être d’une grande qualité. Pour preuve, la très bucolique Fishing For Fishies apporte avec elle, et à chacun de ses titres, un vent de fraîcheur offrant aux auditeurs une véritable bouffée d’oxygène, loin de l’ambiance des précédents albums qui, à la longue, pouvait se révéler quelque peu suffocante. Cela dit, nulle crainte à avoir quant à l’identité musicale du collectif, car si les instrumentations font ici la part belle aux pianos, flutes traversières, harmonica et guitares purifiées en pédales saturées, le rythme du groupe reste ravageur et percutant.
Ainsi, si Boogieman Sam et son solo de guitare magnétique, The Bird Song, ou encore Plastic Boogie tiennent en haleine en déployant un groove énergique très catchy, The Cruel Millenial, lui, en léguant les rênes du chant lead à Ambrose Smith, fait figure de clin d’œil à l’autre groupe de ce dernier : The Murlocs. Ailleurs, tandis qu’Acarine résonne comme un écho certain à Polygondwannaland dans le riff très progressif qu’il développe, Cyboogie ressort les synthétiseurs pour nous plonger dans une ambiance rétro-futuriste teintée d’un côté électronique que l’on croirait de loin issue d’une collaboration avec Daft Punk ou Moroder.
Mais le bijou qui domine assez largement tout le reste du corpus est sans conteste This Thing, sur lequel Stu nous dévoile une toute nouvelle façon de chanter, tandis que l’harmonica, les flutes traversières et la guitare acoustique participent à construire une atmosphère psychédélique impeccablement maîtrisée. Difficile de s’en lasser tant l’album s’enchaîne de manière totalement spontanée, sans qu’aucun élément ne vienne troubler ce subtil mélange de sonorités exotiques parsemées d’envolées extatiques, caractéristiques des sept excentriques. Une chose est sûre donc : King Gizzard est encore loin d’avoir dit son dernier mot. Et nul doute que le reptile garde encore plus d’un tour dans son sac pour nous le prouver.
A ECOUTER EN PRIORITE
Cyboogie, Boogieman Sam, The Bird Song, This Thing, Fishing for Fishies
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