Kim Gordon – ‘No Home Record’

Kim Gordon – ‘No Home Record’

Album / Matador / 11.10.2019
Indie noise

En 2015, l’autobiographie Girl in a Band portait un éclairage inédit sur la vie de Kim Gordon. Le néophyte connaissait déjà son statut d’icône rock chez Sonic Youth, moins son parcours singulier d’artiste pluridisciplinaire. Car c’est bien aux avant-gardes de la création que l’américaine s’est toujours intéressée. Sa passion adolescente pour le free-jazz, ses études au réputé Otis Art Institute de Los Angeles, ou son premier emploi dans la boutique de posters de Larry Gagosian (célèbre galeriste californien) n’en sont que différents exemples.

Et c’est bien cette carrière d’artiste plasticienne que Kim Gordon semblait privilégier depuis 2011 et la mise en retraite de Sonic Youth, son duo Body/Head avec le guitariste Bill Nace ressemblant plus à une récréation expérimentale qu’à un véritable projet cousu de fil blanc. D’ailleurs, qui parmi vous est parvenu à se farcir en entier ses trois albums gorgés de saturations dronesques et hostiles ? Pas nous. Et à vrai dire, on ne misait plus grand-chose sur un retour de Kim Gordon au-devant de la scène.

A 66 ans, l’américaine publie pourtant son premier album solo. Et il faut le dire : quel disque ! Mélange de pop et d’expérimentations bouillonnantes en compagnie du producteur Justin Raisen (John Cale, Yves Tumor, Ariel Pink, Charli XCX…), No Home Record brouille les pistes. Si sur Sketch Artist ou Don’t Play It ce sont des basses électroniques vrombissantes qui portent la voix pâle de la chanteuse, AirBnB renoue avec les accordages tonitruants de Sonic Youth. Tandis que sur Paprika Pony ou Cookie Butter, ce sont des samples que n’auraient pas reniés Death Grips qui s’amorcent dans une atmosphère glaciale.

On vous voit venir, mais pas d’inquiétude. On est hors d’un syndrome du vieux cool. A l’écoute de la ‘modernité musicale’, Kim Gordon s’amuse avec celle-ci pour en faire sa matière… tout en la teintant de son ironie morbide (‘AirBnB, could set me free !‘). Ce qui produit chez No Home Record un album à la fois familier et déroutant, intransigeant mais accessible par différentes portes. Pas la peine d’être un fan des auteurs cultes de Daydream Nation pour l’apprécier, bien au contraire. On tient enfin la preuve que la vieillesse est tout sauf un naufrage.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Sketch Artist, Paprika Pony, Hungry Baby


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