
23 Oct 20 Kevin Morby – ‘Sundowner’
Album / Dead Oceans / 16.10.2020
Folk
Un apéritif consommé au coucher du soleil ? Un vagabond en errance cherchant le gîte en soirée ? Une personne dont l’irritation augmente au fil des journées ? On pourrait s’amuser à envisager quelle signification donner au terme Sundowner auquel Kevin Morby s’identifie. Mais à l’accent donné au mot, et au vu du timbre de voix du songwriter, difficile de ne pas y lire un hommage au Moonshiner de Bob Dylan. Il serait possible d’extrapoler et de l’envisager comme une manière de se positionner sur l’échiquier de la mélancolie, Moonshiner en étant une forme de point culminant. Le titre de Morby est assurément moins sombre que celui de son prédécesseur : il y a encore de la lumière au crépuscule, et on y voit plus une éloge de la liberté – certes teintée de mélancolie – qu’un portrait de la déchéance.
À l’image de la photographie de couverture, ou l’on voit l’ex chanteur de The Babies dans une chambre à ciel ouvert au milieu d’une plaine, Sundowner invite à ouvrir les fenêtres, à laisser l’air circuler, non pour éviter la propagation du virus mais pour laisser entrer l’extérieur. Comme le dernier opus de sa compagne Katie Crutchfield, ce nouvel album invite aux grands espaces et à l’air libre, deux termes en opposition avec une période tristement enfermée. La chanteuse de Waxahatchee, que l’on retrouve dans la vidéo de Wander et aux choeurs, nous contait avec Saint-Cloud le Minnesota et le Mississippi, là ou Kevin Morby rend hommage à Kansas City.
L’album est habité par une nostalgie 60’s, teintée de country, forme de retour aux sources que traverse toute une veine d’artistes folk, de Bill Callahan à Bonnie Prince Billy, de Phosphorescent à Christian Lee Hutson, et de Waxahatchee (donc) à Kevin Morby.
Laisser rentrer l’air… Tout Sundowner invite donc aux grands espaces, et même à les traverser au volant d’un Pickup Ford, comme dans le clip de Wander (une voiture symbolique d’une certaine grandeur américaine, que l’on retrouve – encore – sur la pochette du sus mentionné Saint-Cloud). Ce titre, probablement le plus accrocheur de l’album, constitue une vraie réussite pop-folk, et l’on aurait peut-être aimé en entendre ici davantage dans cette veine.
Laisser l’air circuler donc… De Valley à Campfire, de Don’t Underestimate Midwest American Sun à Velvet Highway, l’album amène avec lui un vent de liberté, simple, posé. Une forme de bien-être, de passage, un souffle agréable. Les plus exigeants reprocheront peut être à ce bien-être de n’être que passager, pour mieux retourner aux Moonshiners d’origine, une fois les fenêtres fermées.
A ECOUTER EN PRIORITE
Sundowner, Wander, Don’t Underestimate Midwest American Sun
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