Kevin Morby – ‘Oh My God’

Album / Dead Oceans / 26.04.2019
Rock inspiré

L’Américain Kevin Morby a, depuis Singing Saw, entrepris un tournant esthétique beaucoup plus marqué. Les jolies ballades d’antan ont été rangées en même temps qu’un certain spleen juvénile, la chrysalide s’est transformée : il est désormais un auteur talentueux et affirmé, rodé à l’art de la composition, élancé vers des cieux musicaux chaque fois un peu plus riches et denses.

Ce cinquième album studio ne fait pas exception à la règle. Oh My God offre une quinzaine de titres à la spiritualité pas tourmentée pour un sou, au contraire. Le discours est certes empreint d’un mysticisme, et dès lors Nothing Sacred / All Things Wild rappelle les profondeurs religieuses de Leonard Cohen – filiation parsemée mais constante dans la discographie de Kevin Morby -, mais celui-ci est moins introspectif que communiqué avec verve et entrain (No Halo).

Après les feux de la ville, c’est l’écho des champs et l’appel à une vérité supérieure qui appellent Kevin Morby, revenu à son Midwest natal, et cela s’entend. Un air de tradition flotte, sans doute le retour aux sources. Hail Mary est beau à chouiner, valeur sûre s’inscrivant dans la lignée de ses épopées pour guitares (et ici, pour orgue) qui ont le don d’embraser en un rien de temps, dans un mouvement ample et généreux.

Le trait du style de Kevin Morby est maintenant dessiné et ancré pour de bon : un son riche, des mélodies encore un peu vintage et beaucoup de chaleur. L’emphase devient une caractéristique, soulignée par les chœurs et la préciosité de l’orchestration. Et ce n’est même pas négatif ! Car cela lui permet de maîtriser aussi les écarts. Ballad Of Faye a par exemple un ton jazzy inattendu, et l’association des notes rappelle à certains égards la grande Alice Coltrane.

Kevin Morby a le feu sacré. Oh My God déclare son amour de la belle composition (plus que celui de la chanson au final) en consumant tous ses morceaux avec le soupçon d’âme qu’il fallait pour animer son propos. Il semblerait que Kevin Morby ait trouvé sa voie, celle de la beauté du geste.