Kassa Overall – ‘Animals’

Kassa Overall – ‘Animals’

Album / Warp / 26.05.2023
Jazz hip hop

Découvert au détour d’une session Tiny Desk absolument bluffante, le groupe Kassa Overall mérite une attention toute particulière. Mariant hip-hop, rap et jazz, le collectif produit une musique qu’on ne peut que qualifier de singulière. Sur son troisième album Animals, le premier chez Warp, l’équation de toutes ses influences est conviée dans un mélange érigeant l’absurde au rang de fil conducteur.

Le mystère enveloppe Anxious Anthony alors que l’entame de Ready To Ball semble nous diriger vers un jazz conventionnel. Pourtant, la voix de Kassa nous propose une première fusion stylistique. Tout au long de l’album, la rythmique sera le point d’accroche principal nous permettant de nous immerger dans l’univers débridé du collectif. La production est irréprochable et permet de lisser les variations fréquentielles incessantes. Les passages énervés alternent avec d’autres moments apaisés (The Lava Is Calm) le tout oscillant constamment entre soul, jazz, rap et hip-hop. Néanmoins, si cet Animals pourrait pêcher par une trop grande diversité, il se révèle au contraire varié, jusqu’à parfois manquer d’une certaine cohérence.

Le géniteur du projet, Kassa, est un percussionniste virtuose d’ailleurs nominé aux Grammy Awards. Formé au conservatoire, mais frustré par l’inconcevabilité de mêler sa passion pour le hip-hop avec le classicisme du jazz, il a modelé son propre environnement musical autour des meilleurs jazzmen de Brooklyn (Ravi Coltrane ou Tomoki Sanders (fils de Pharoah)). Se côtoient donc côte à côte des pianistes de jazz (Vijay Iyer, Kris Davis) et des rappeurs (Danny Brown, Lil B). Des cliquetis hypnotiques sur The Score Was Made aux sons cuivrés de Maybe We Can Stay, le pedigree de Kassa irrigue l’album. Les envolées de Still Ain’t Find Me illustrent toutefois sa volonté de se démarquer d’un certain classicisme. Habituellement guidées par le saxophone, les montées free jazz sont ici ponctuées par les synthés. Même visuellement (voir le live KEXP), les musiciens ont visiblement décidé de briser tous les codes. En résulte, un spectacle absolument hypnotisant, et absurde donc…

D’un point de vue thématique, le surdoué de Seattle dénonce autant les injustices du système carcéral que le racisme. Il s’attaque également à l’industrie pharmaceutique intimement liée à ses propres problèmes mentaux. Le tout avec poésie, en conviant Nick Hakim sur Make My Way Back Home ou l’ironie de choristes complètement perchés.

Après deux premiers albums, Animals place Kassa Overall dans une autre dimension. Les musiciens ont créé leur propre signature musicale polarisée et absurde. Comme le suggère la pochette, les détours tortueux de l’esprit de Kassa semblent transposés dans les rythmes syncopés du groupe, lui permettant, peut-être, de trouver un exutoire à ses tourments…

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A ECOUTER EN PRIORITE
Make My Way Back Home, Still Ain’t Find Me, Ready to Ball


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