12 Août 12 Karriem Riggins – « Alone/Together »
Album
(Stones Throw)
23/10/2012
Hip hop jazz instrumental
Si c’est par la porte du jazz que Karriem Riggins est entré dans le monde de la musique, c’est clairement ses fenêtres ouvertes sur le hip hop qui l’auront aidé à devenir quelqu’un. Et pour cause, celui qui fut élève du bassiste de jazz Ray Brown et qui a accompagné certains des plus grands musiciens du genre, aura surtout posé son nom aux crédits d’albums signés par d’incontournables artistes de la musique urbaine. Common, Slum Village, Talib Kweli, The Roots sont en effet quelques-uns des grands pontes qui ne regrettent toujours pas qu’il ait mis le nez dans leurs productions. Et que dire de J-Dilla? La légende dit que c’est Riggins qui aurait mis le sample de Bobby Caldwell entre ses mains pour qu’il fasse du « The Light » de Common ce qu’il est devenu. Mieux, c’est notre homme qui aurait terminé « The Shining », cet opus de Jay Dee aux trois quarts achevés au moment de sa disparition. Si le nom de Karriem Riggins ne dit donc pas grand chose au premier abord, il s’accompagne pourtant de pas mal de belles promesses au moment ou le batteur/producteur s’apprête à sortir un premier album solo chez Stones Throw, qu’il proclame lui-même directement inspiré de son ancienne vie à Los Angeles (il est désormais redevenu résident de Detroit) comme de son amour pour sa famille et son fils. Le temps de 34 titres tous assez courts, l’américain – seulement armé de sa batterie, d’une MPC, et d’un synthé – réunit ainsi sur un même disque toutes les influences qui ont toujours façonné son oeuvre. Du coup, bien que résolument hip hop comme lorsqu’il ôte les derniers doutes quant à son talent de beatmaker (« Moogy Foog It », « Alto Flute »), l’album tire parfois vers le funk (« Orbitz »), et plus logiquement vers le jazz (« Ooooaaa », « Double Trouble »), parfois même brusquement au sein d’un même morceau (« Water »). Puis il y a inévitablement quelques petites merveilles dignes d’un musicien tel que Karriem Riggins: le génial « Esperanza » ou guitare acoustique, flute et contrebasse taillent la bavette autour d’un beat, ou ce « Africa » dont les quelques arrangements finissent de justifier le titre. Après avoir longtemps oeuvré dans l’ombre des autres, Karriem Riggins a donc cette fois mis tous ses atouts de son côté pour définitivement sortir d’un injuste anonymat.
A noter que les versions digitales et vinyles de « Alone/Together » sortiront en deux temps (été et fin 2012), tandis que le CD sera disponible en octobre.
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