06 Fév 20 Julien Gasc – ‘L’Appel de la Forêt’
Album / Born Bad / 31.01.2020
French pop psyché
Parmi les joyaux de la pop psychédélique à la française hébergés par le label Born Bad, Julien Gasc n’est assurément pas le moins brillant. En marge de sa participation à l’une des meilleures formations hexagonales actuelles (Aquaserge), le songwriter libère en solo ses talents de mélodiste et de parolier pour livrer des recueils de chansons pop au parfum capiteux.
L’appel de la Forêt, au titre vraisemblablement emprunté à Jack London, voit le toulousain poursuivre la même veine poétique et mélancolique désormais familière de ses précédents albums, tout en élargissant son terrain de jeu avec des sonorités synthétiques et une production plus riche et propre. La voix de Julien Gasc s’y fait toujours aussi douce et nonchalante, susurrant avec une ironie légère des mots tendres à l’oreille de l’aimée dont les éclats de rire résonnent sur Libertas et Firegasc, dialogue lascif émaillé d’un étrange motif de synthé évoquant le Houses in Motion des Talking Heads.
Si l’amour reste ici l’obsession principale, le ‘principe à suivre’ omniprésent, l’album est également profondément marqué par le contexte social tourmenté que nous connaissons. Giles and Jones fait ainsi directement référence au mouvement des gilets jaunes, tandis que l’excellente chanson d’introduction La Trêve Internationale voit l’artiste évoquer misère sociale et révolution d’un ton las sur un rythme claudicant.
Le titre L’Appel de la Forêt narre quant à lui l’irrésistible invitation à retrouver cette pulsion originelle et charnelle, à permettre à la nature de reprendre le dessus, donnant ainsi lieu dans une improbable effusion à un rare sursaut dans la voix du chanteur d’ordinaire inexpressive. L’ombre tutélaire de Serge Gainsbourg plane inévitablement sur ces morceaux plus parlés que chantés, impression encore renforcée par les interventions vocales de Catherine Hershey sur plusieurs titres.
C’est toutefois lorsqu’il retrouve les mélodies perchées qui faisaient toute la sève de ses précédents albums que Julien Gasc excelle et convainc, notamment sur la complainte soutenue de rythmes brésiliens Maracabela ou encore sur la ballade Passer, laisser.
Quoiqu’assez inégal sur la longueur, L’Appel de la Forêt contient toutefois quelques fulgurances confirmant tout le bien qu’on pense de cet artiste rare dans le paysage de la pop psychédélique francophone.
A ECOUTER EN PRIORITE
La trêve internationale, Maracabela, Passer, laisser
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