Jordan – « Oh No! We Are Dominos! »

Jordan – « Oh No! We Are Dominos! »

Oh No! We Are Dominos![Album]
20/05/2008
(Motoneige/Abeille)

Quand la France « défend » sa musique et ses artistes à coups de quotas radiophoniques qui ne leur ouvrent finalement pas plus de portes… Quand les programmateurs qui bénéficient encore de salles de concert ne daignent plus prendre aucun risque… À quoi bon s’y cantonner, se battre contre une montagne, s’épuiser, pour finir comme beaucoup par jeter l’éponge, ruminer une frustration qui ira même jusqu’à évincer le moindre plaisir pris dans l’aventure? Face à un tel état des lieux de la musique en France, pourquoi ne pas aller chercher tout de suite ailleurs ce qu’on attendra ici des lustres

Ces questions, on parierait que Jordan n’a pas manqué de se les poser tant son premier album « Oh No! We Are Dominos! », totalement dans l’air du temps, n’a rien d’un disque franchouillard. Et pour cause, depuis ses premiers frémissements, le trio parisien a toujours su se donner les moyens de ses ambitions: un premier maxi (« Back To The Gym Kid! ») enregistré à Montréal sous la houlette de Howard Bilerman (Arcade Fire, Godspeed You! Black Emperor) et Brian Paulson (Slint, Superchunk), une palanquée de dates partagées entre Europe et Amérique du Nord, et ce nouvel opus mis en boîte au Tiny Telephone Studio de San Francisco avec Jay Pellicci (Deerhoof, Erase Errata). On a beau dire, peu importe ce qui puisse arriver à Jordan à l’avenir, le groupe n’aura jamais perdu de temps, ni l’occasion de prendre son pied

Et ça s’entend tout au long de ces dix nouveaux titres post punk fougueux et frappés d’une spontanéité vivifiante, dignes héritiers de Q And Not U et Robocop Kraus à qui ils empruntent une guitare magnifiquement versatile, partagée entre sons clairs et saturation généreuse, rythmiques entraînantes et synthé jamais indigeste. Mais ce qui plait surtout chez Jordan, c’est cette fragilité ambiante, décelable jusque dans une justesse de chant parfois limite, qu’il partage avec nombre de groupes indie actuels aux penchants arty, et qui l’empêche de tomber dans une production trop lisse qui l’aurait certainement dénaturée. À n’en pas douter, c’est celle-ci qu’il maîtrise et gère encore plus que par le passé, et qui lui fait gravir une marche supplémentaire depuis sa dernière trace discographique en date (pour preuve les excellents « For Thunder You Need Clouds », « Trois Quatre », et « Angles »). À chaque album, Jordan voit donc toujours un peu plus grand. Mais jamais trop, juste ce qu’il faut pour avancer, s’imposer, et gagner..

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