John Vanderslice – “White Wilderness”

John Vanderslice – “White Wilderness”

john180Album
(Dead Oceans)
24/01/2011
Pop de chambre se rêvant grand orchestre

Honnête songwriter, John Vanderslice n’est pourtant pas celui grâce à qui nous vivrons une nouvelle révolution musicale. Adepte de mélodies pop tantôt fragiles tantôt faciles, le floridien au timbre évoquant celui de Ben Kweller, a toujours été attentionné, offrant des œuvres ensoleillées et légères, parfois trop penseront certains à raison. Nous avions donc coutume de suivre son évolution de façon  aussi distante que distraite sans y accorder de crédit particulier, écoutant chacune de ses livraisons avec une curiosité dénuée d’envie.

Pourtant, Vanderslice a tout bon, ou presque: les potes (The Mountain Goats, Death Cab For Cutie avec qui il a tourné à maintes reprises), le label (Dead Oceans, dernier enfant légitime des boss de Secretly Canadian et Jagjaguwar, et maison-mère de Phosphorescent tout de même), le studio d’enregistrement (le sien où Okkervil River et Spoon viennent enregistrer, excusez du peu), les influences (littéraires et poétiques puisqu’il cite communément Blake, Shelley ou Lowell comme sources d’inspiration) et même les idées (comme celle de reprendre un morceau d’Atlas Sound à sa sauce, par exemple). Mais en dépit de cela, quelque chose a toujours un peu bloqué, nous empêchant de rentrer pleinement dans son univers. Sans doute, ce côté studieux de bon élève trop posé et méticuleux, manquant cruellement de fantaisie. L’annonce de la sortie de cet album encordée éveille malgré tout une certaine attention, allant presque jusqu’à susciter un semblant d’excitation. Et si, par ce biais, Vanderslice se réinventait et transcendait sa modeste écriture? Tuons net tout suspense: ce n’est pas le cas mais, pour autant, reconnaissons un louable effort afin d’intégrer au mieux ce Magik Magik Orchestra au cœur du processus artistique de l’album. En effet, loin de faire tapisserie, l’ensemble n’est pas seulement convié pour vêtir des morceaux pré-existants de deux-trois arrangements glissés ou soufflés comme c’est trop souvent le cas sur moult albums. Ici, tous participent pleinement à l’évolution mélodique de chaque chanson, et ces dernières n’auraient assurément pas eu la même allure en l’absence de ces musiciens classiques.

Cette instrumentation offre donc de l’altitude à ces compositions, leur procurant ponctuellement un aspect sérieux et sombre, plutôt inédit chez Vanderslice, sans remettre un seul instant en cause l’identité pop de son univers musical (“Overcoat”). Au paroxysme des superpositions de couches et de pistes instrumentales, on en viendrait presque à évoquer une version rachitique de Sufjan Stevens, l’aspect singe-savant en moins (“The Piano Lesson”), tandis qu’ailleurs l’agencement de l’instrumentation s’en va chasser sur les plaines écossaises de Belle and Sebastian (“Alemany Gap”) ou dans les tréfonds du spleen Radioheadien (“20K” comme un cousin d’Amérique de “Pyramid Song”). C’est, pour tout dire, ce qui nous fait rester et tendre l’oreille, cette variété et cette profusion d’atmosphères élaborées par la savante rencontre entre cordes et cuivres, faisant office de luxueux écrin à d’humbles chansons: rien de merveilleux ici, mais une élégance dans l’orchestration qui charme l’ouïe par-delà les qualités même de l’écriture. Dès lors, on en conclura que cette collaboration réussie tant à Vanderslice qu’il devrait plus régulièrement s’adjoindre ce genre de service, à même de révéler son songwriting à défaut de l’élever.

Disponible sur
itunes


1 Comment
  • Rabbit
    Posted at 19:33h, 01 février Répondre

    Jamais écouté Emerald City visiblement ? Dommage…

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