
23 Mai 11 John Lord Fonda – “Supersonique”
Album
(Citizen)
25/04/2011
Electro
Avec son premier essai “DeBaser”, John Lord Fonda a laissé quelques bleus, et fait tomber sur le parquet quelques mâchoires de critiques et de clubbers. La chance du débutant? Non, un instinct sauvage qu’il semble être capable de libérer à la demande, au service de productions électriques à l’efficacité bluffante. Le genre de son qui délivre l’animal masochiste enfoui bien profond dans notre moëlle épinière. Prendre du plaisir dans la douleur. Prendre son pied à se faire tabasser les neurones par une techno massive et directe. Dieu que c’est bon. Tout ça pour dire qu’une fois “DeBaser” encaissé, impatience serait un euphémisme pour qualifier l’attente de ce second album. D’autant qu’il aura fallu plus de cinq ans à “Supersonique”, au son paradoxalement spontané, pour émaner des entrailles de John Lord, ce rejeton de la tek made in France qui s’est attelé à la composition d’un disque moins tâchant que son prédécesseur, mais à la vitalité semblable.
Ainsi, nous avons eu droit à un premier aperçu pas forcément représentatif en la matière de l’EP “Bang The Fire” (les titres “Bang!” et “Heaven’s On Fire”), dans lequel John Lord injectait sa matière première dans une techno minimale bien burnée, taillée pour les clubs. L’album – immédiat, massif et euphorisant – est à la hauteur de nos attentes. John Lord Fonda ne perd pas de temps en démarrant avec l’un des morceaux phares de l’opus, “Brunette Tattoo”, une techno intense, proche des meilleurs titres d’Agoria, qui laisse entrevoir un sample de Vivaldi. On reconnaît sa patte dangereuse sur “You Originate”, attaché à un parachute ascensionnel qui ne fait que monter jusqu’à ce que l’oxygène se fasse rare. Côté turbines, l’essentiel est là: trance à l’anglaise sur “Emiliana” faisant un peu figure d’anachronisme même si l’énergie y est, l’acidifié “What’s Going On” ou l’impérieux “The Sound Of Melody” qui conclut l’album à quelques centimètres du sol.
Mais John Lord ne vise pas que le dancefloor. L’album gagne en cohérence grâce à des titres comme “Toy Boxes”, espèce de berceuse du siècle prochain, ou les influences new wave de “Supersonic”, track downtempo mais aussi dense qu’un bloc de granit. C’est sans compter sur “Orchidée”, un vase qui se remplit de larmes, victime de son escalade mélodique, ou “Jean Seigneur” qui trouverait sa place dans un film d’horreur. Plein de suspens, ce morceau est malheureusement trop court, on aurait aimé flipper un peu plus longtemps. Avec “Supersonique”, John Lord Fonda provoque donc une nouvelle hémorragie au sein de la scène française. Et nul besoin d’opérer: ça cicatrise tout seul. Ou pas…
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