25 Juin 24 John Grant – ‘The Art Of The Lie’
Album / Bella Union / 14.06.2024
Pop
Les deux précédents albums de John Grant nous avaient ravi, tant par la force du propos que par les trouvailles sonores et son art du contre-pied. On devait trop attendre de celui-ci. The Art Of The Lie nous laisse hélas de marbre, se contentant de diluer jusqu’à l’infini l’originalité de Boy From Michigan.
L’ouverture est pourtant la promesse d’une nouvelle claque : entre le très funky All That School For Nothing, le ronflant Marbles et l’inquiétant Father, la verve sociale de l’américain – qui nous parle de mensonges dans l’amour, l’éducation, la mort – est toujours parfaitement servie. Mais les germes de la lassitude sont pourtant là : des titres beaucoup trop longs (l’album dure plus d’une heure), atonie vocale renforcée par une overdose de vocoder, boîte à rythme peu évolutive… L’enthousiasme retombe progressivement.
Le coeur de l’album confirme le sentiment laissé par les premiers titres, John Grant nous resservant les mêmes éléments sans se lasser : balades au ralenti alternant avec groove de salle d’attente. On s’interroge sur son inspiration, sur son envie. Sa musique sent le travail, elle est pesante et ne dégage pas d’émotion. L’apport d’un chœur féminin sur Mother And Son pourra rappeler à certains les envolées de Weyes Blood, le titre possédant le kitsch aquatique de l’australienne, mais il n’en possède jamais le souffle.
Il faut attendre The Child Catcher, neuvième titre pourtant sevré de drone, pour retrouver un peu de lyrisme. Au fil de ses sept minutes, une percussion plus inventive, une guitare distordue viennent apporter un développement narratif trop longtemps attendu. Notre attention se réveille enfin pourra accueillir les deux derniers morceaux, notamment Laura Lou, portrait tout en finesse, claviers et glitchs suffisant à souligner la voix aux modulations plus sophistiquées.
Malgré un John Grant retrouvé sur les derniers instants, qui permet de ne pas sortir complètement frustré de cette écoute, The Art Of The Lie manque cruellement de contenu, au point que beaucoup risquent de le lâcher avant sa fin tant sa longueur et sa monotonie éprouveront leur patience… On se consolera avec ses mots.
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