Joe Gideon – ‘Armagideon’

Joe Gideon – ‘Armagideon’

Album / Clouds Hill / 30.01.2020
Post songs

Joe Gideon a eu plusieurs vies musicales au cours de ce troisième millénaire. D’abord post-rock avec Bikini Atoll, puis garage lo-fi dans Joe Gideon & the Shark, un duo basse batterie teigneux où le squale n’était autre que sa soeur Viva. Le voici de retour sous son nom de naissance (enfin presque car c’est Gideon Joel Seifert dans les registres) pour un deuxième album solo baptisé Armagideon, sorti chez Clouds Hill.

Le voir passer ainsi de groupe à solo pourrait suggérer que notre homme est un vieil ours grincheux, qui se serait coupé des siens au fil des années. Il n’est pourtant pas tout seul dans cette aventure : au delà de la multi-instrumentiste Gris de Lin, il peut aussi compter sur le Bad Seed Jim Sclavunos – ici à la batterie et à la production – avec qui il s’est lié d’une solide amitié durant sa dernière tournée en compagnie du Shark.

Si la barbe de Joe Gideon a blanchi, sa voix a encore mûri. L’Anglais se penche sur des expériences passées, se pose en observateur de  l’état actuel du monde ou devise de l’avenir de la Grande Bretagne. Le bilan établi, il a donc jugé qu’avait sonné l’heure de l’Armagideon, la fin des temps selon sa personne. Ne reste plus qu’à en connaître les modalités : une hypothèse brutale avec l’alarmiste Comet Coming Down, ou plus métaphorique avec The Gaping Yawn (l’ennui mortel, ndr). Avec son saxophone incandescent, ce titre a quelque chose de surréaliste, un martèlement noise appuie sur la prophétie cosmique de Joe Gideon, alors qu’une voix lyrique chante aux étoiles.

Dans ce disque, la poésie cohabite avec une urgence instaurée dès Expandable Mandible, morceau ouvrant dans une atmosphère anxiogène. Les titres se succèdent dans une remarquable sobriété musicale sur laquelle les paroles sont parfois plus parlées que chantées. Quand l’auteur se recentre, le calme revient avec quelques longueurs, mais aussi de beaux morceaux tels que Berit’s Cliff House, basé sur des souvenirs, quelques notes de piano et le vent marin sur le visage.

Dans un brouillard trip-hop, Ancien Space Mariner remonte le temps, tente d’éclaircir des souvenirs ou bien des hallucinations mais  pourtant, tout s’épaissit et des voix se rajoutent, ainsi qu’un tambourin venu apaiser ce qui peut l’être. Ainsi s’achève l’Armagideon, et celui qui l’a déclenché en a tiré un disque parfois bizarre, très beau par moments, au fil duquel Joe Gideon livre son humanité ou se cache derrière le fameux second degré anglais. Devant cette ambivalence, on peut se demander quelle apocalypse a pu bien se jouer dans son bocal…

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
The Gaping Yawn, Berit’s Cliff House, Ancien Space Mariner


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