
30 Oct 16 Jimmy Eat World – ‘Integrity Blues’
Album / RCA / 21.10.2016
Emo pop
Depuis vingt ans passés à écouter Jimmy Eat World évoluer, il y a trois choses qu’on est à peu près certain de retrouver quand on aborde un nouvel album : des mélodies affutées comme une lame, un sens du tube comme on en croise rarement ailleurs, et la banalité des thèmes abordés dans les chansons. Trop bien installé sur son solide trépied, le groupe n’a pourtant pas fait beaucoup d’étincelles ces dix dernières années, enchainant des disques peinant à dissimuler leur ambition de toujours toucher un plus large public. Si ‘Integrity Blues’ ne se hisse pas non plus au rang des ‘Bleed American’ (2001) et ‘Futures’ (2004), deux albums porteurs de ses plus grands hits, on sent chez le groupe de l’Arizona comme une volonté de rassembler autour de lui tout son petit monde, du vieux nostalgique des années 2000 aux plus jeunes qui tétaient encore alors qu’il comptait parmi les plus dignes figures de l’émo pop des nineties.
‘Get Right’, sans conteste le morceau le plus efficace de l’album, l’annonçait déjà en se dévoilant avant les autres. Porté par un Jim Adkins comptant toujours parmi les plus belles voix du circuit rock, il prouve à lui seul ici que Jimmy Eat World n’a rien perdu de sa superbe, qu’il préfère seulement désormais les grandes scènes climatisées que celles d’antan, plus moites et restreintes. Un choix auquel on adhère ou non, mais finalement assez compréhensible après plusieurs décennies passées à les écumer. De fait, le groupe sculpte son registre en fonction et accèdera sans conteste à ses envies grâce à une poignée de morceaux aussi tubesques que mainstream sans pourtant qu’ils dépassent le point de non retour (‘You With Me’, ‘Sure And Certain’, ‘You Are Free’).
D’autres en revanche, nettement plus teenage, franchiront plus franchement la ligne blanche (‘It Matters’, ‘Pretty Grids’, ‘Through), ou feront fausse route en cédant au pathos (‘The End Is Beautiful’, ‘Pol Roger’), rendant naturellement plus intéressantes les quelques expérimentations de l’album. Avec ses arrangements electro et son ambiance laidback, ‘Pass The Baby’ voit notamment Jimmy Eat World arpenter le territoire de The XX avant de tourner délicieusement heavy sur sa seconde moitié, et prouver ainsi qu’il réside encore quelques lueurs d’espoir quant à l’avenir d’un groupe qui ‘réussit’ ici l’exploit de ne flancher qu’à moitié. Ce qui est déjà beaucoup à en croire son récent passé.
‘You With Me’, ‘Get Right’, ‘You Are Free’
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