Jessica Pratt – ‘Quiet Signs’

Jessica Pratt – ‘Quiet Signs’

Album / City Slang / 08.02.2019
Folk envoûtante


Et si le mouvement #Metoo n’était pas tant un déclencheur qu’un symptôme de la place de plus en plus affirmée des artistes féminines dans le monde culturel ? On peut se poser la question au vu du nombre incroyable d’artistes plus talentueuses les unes que les autres ayant émergé ces dernières années, en particulier dans le genre folk au sens large – qu’on songe par exemple à Angel Olsen, Aldous Harding, Julie Byrne, Julia Holter ou encore Julien Baker. Difficile donc de se distinguer au sein de cette scène toujours plus foisonnante et qualitative. Jessica Pratt y parvient toutefois sans le moindre effort apparent grâce à des compositions certes empreintes d’un certain classicisme, mais possédant un charme vénéneux et une profondeur exceptionnelle. Car à la différence de nombre de ses contemporaines qui s’efforcent d’émouvoir en emplissant leurs chansons d’une charge émotionnelle parfois à la limite de l’impudeur, elle privilégie le mystère avec des titres mélancoliques nappés d’un voile psychédélique.

Le ton est posé dès l’instrumental Opening Night, qui ouvre l’album avec des accords de pianos flottant dans un nuage de reverb ne se dissipant plus. Sur une instrumentation dépouillée, la chanteuse californienne y trace comme à son habitude des arabesques hypnotiques et nous murmure des paroles le plus souvent inintelligibles. À la différence toutefois de son prédécesseur On Your Own Love Again, ce troisième opus baigne dans une lumière par moments éblouissante, sans doute pas étrangère aux influences brésiliennes évidentes sur certains titres (en particulier Poly Blue). Une flûte et un orgue viennent ainsi agrémenter Fare Thee Well d’un parfum capiteux, tandis que des accords de guitare en suspension servent d’écrin à la superbe mélodie de This Time Around.

Tous ces ingrédients confèrent un caractère délibérément intemporel à cet album, qui pourrait sans peine être pris pour un de ces joyaux folk 70’s oubliés, tels que le Parallelograms de Linda Perhacs ou le Colour Green de Sybille Baier. D’une langueur envoûtante quoique légèrement soporifique sur la longueur, Quiet Signs vient définitivement confirmer Jessica Pratt comme une des artistes folk actuelles les plus fascinantes.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Fare Thee Well, Poly Blue, This Time Around


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