
16 Nov 22 Jean Jean – ‘Fog Infinite’
Album / A Tant Rêver du Roi / 04.11.2022
Synthwave
En décidant de se nommer Jean Jean, nos franciliens avaient dès le départ – peut-être inconsciemment – donné le ton d’une certaine forme d’espièglerie qui n’allait plus jamais les quitter. Car si l’on jette un coup d’œil en arrière, ces énergumènes ont d’abord su nous faire vaciller aux coups d’un math-rock enjoué et franchement rafraîchissant – ledit genre ayant déjà été relativement bien quadrillé à l’époque – et cela, un peu à la manière de leurs cadets de Lysistrata : sans aucune forme de prétention affichée. On dut ensuite ronger notre frein pendant cinq longues années jusqu’à l’arrivée du successeur Froidepierre, avec à la clé un changement de programme plutôt conséquent : ambiances plus glaciales et surtout, intensification des sonorités synthwave, notamment via des textures de guitare toujours plus confondables avec celles des machines. Passée la déception initiale du passage à la trappe de son math-rock originel, on réalisa assez vite que le noyau dur de l’identité du groupe restait bel et bien présent. Seule sa forme avait évolué, mais vers une masse sonore toute aussi vibrante.
En tout cas, force est de constater que le recyclage d’albums risque probablement de ne jamais concerner le combo. Car voici qu’arrive à nos oreilles Fog Infinite, sa nouvelle mouture, accompagnée pour nous de cette drôle de sensation de ‘déjà entendu’ : en effet, un sentiment de déception gagne, notre cortex préfrontal lors de la toute première écoute. Qu’on le veuille ou non, un basculement total en zone synthwave a été opéré. Mais la persévérance paye… Pour peu que les sonorités de PVT (l’intro de Vertikal Grey), Battles (Prey / Trigger) ou encore Carpenter Brut – aux manettes de ce nouvel opus – fassent partie de vos appétences, ces neuf nouveaux titres sauront probablement faire leur chemin au creux de vos oreilles. Et si cela peut rassurer les plus sceptiques, les motifs de guitares typés post-rock n’ont pas totalement quitté le navire (Point De Fold, I ten).
On reste pour le moins sidéré par la capacité du trio à intégrer aussi brillamment certains sons de synthé typés électro dancefloor des années 90 (Concord Lights, Hyperlapse) sans pour autant trahir son ADN. Et il y a fort à parier que le côté organique de la batterie – initialement math-rock, dorénavant réincarnée en sa version électronique – aide en cela. Jean Jean parvient donc, une fois de plus, à complètement rebattre ses propres cartes tout en conservant sa signature. Et si on est d’ores et déjà curieux de savoir en quoi consistera sa prochaine métamorphose, on est surtout impatient de pouvoir goûter à la transe de ces nouveaux morceaux sur scène, contexte où les trois excellent littéralement…
A ECOUTER EN PRIORITE
Vertical Grey, Sept Sorts, Point De Fold, Dernier Sunset
Pas de commentaire