Jaye Jayle – ‘After Alter’

Jaye Jayle – ‘After Alter’

Album / Pelagic / 31.01.2025
Rock

Si le nom d’Evan Patterson ne vous dit rien, c’est que vous n’êtes peut-être pas plus familier avec ses side-projects noise rock, Young Widows en tête. C’est aussi parce qu’en mode solo, il officie sous le pseudonyme de Jaye Jayle, personnage haut en couleurs qui prend vie en 2016 avec House Cricks and Other Excuses to Get Out, un premier album remarqué. En 2018, Patterson récidive avec l’un des très bons disques du cru, No Trail and Other Unholy Paths. En 2020, année pandémique, souvenez-vous, il nous propose Prisyn, un opus sans compromis qui évoque l’univers de Nick Cave, Mark Lanegan ou même Trent Reznor. Rien de bien joyeux donc, et ce n’est pas After Alter qui va vous redonner le sourire et l’envie de vous déhancher. Mais ce n’est pas le but.

Car la force de l‘américain réside dans cette constante discographique à poser ses ambiances, à s’affranchir de quelques codes et à faire un peu ce qu’il veut. Ici, le propos se radicalise (la production, surtout) explorant les ambiances indus à la Nine Inch Nails, surmontées de riffs blues bien sales, perdus dans des étendues desert rock. C’est tourmenté, râpeux et sombre certes, mais aussi hypnotique et osons le dire, par (courts) moments, lumineux.

Ligne de guitare lourde et épaisse en introduction, voix caverneuse et mélodie abrasive, Father Fiction met d’emblée mal à l’aise mais a le mérite de ne pas tromper sur la marchandise. On vous prévient, tout est glacial sur cet album. La caisse claire saturée est très en avant, et pour faire un trait d’union avec l’actualité cinématographique récente, on peut mettre en avant l’ambiance lynchienne de l’ensemble dans la mesure ou les morceaux avancent lentement et posent un décor franchement pas hospitalier ni rassurant. Une bande originale noisy, légèrement pop, qui aurait eu sa place sur pas mal de films du regretté canadien.

L’album dans sa globalité demeure quand même redondant, les sons et effets utilisés restant souvent les mêmes, ce qui donne une cohérence indéniable certes, mais qui installe rapidement une certaine lassitude, qui arrive dès Bloody Me, dommage sur un album aussi court (8 titres, dont une version solo de… Bloody Me nettement plus intéressante).

Sur Don’t Let Your Love Life Get You Down, dernière pépite en date du monsieur, la palette sonore était plus large et Patterson s’amusait davantage des climats et des ambiances feutrées, et se révélait même vocalement très aventureux. Loin d’être raté malgré tout, le lancinant After Alter se montre digne d’intérêt et l’univers de Patterson, qu’on accroche ou pas, reste toujours saisissant et nécessite qu’on y revienne plusieurs fois pour en capter la subtilité et en apprécier le songwriting original. L’occasion surtout de se replonger dans sa discographie riche et audacieuse qui ne cesse de s’étoffer au fil des années, avec des hauts et des bas mais l’ambition toujours intacte. On ne peut pas gagner à chaque fois.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Father Fiction, Fear Is Hear, HELP !, Bloody Me (solo)


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