08 Mar 10 Japanther – « Rock n’Roll Ice Cream »
Album
(Menlo Park)
02/03/2010
Pop punk lo-fi
Entre tournées incessantes et sorties d’album décalées, Japanther a miraculeusement trouvé le temps de composer un nouvel album, et de le confier aux mains expertes du producteur Michael Blum. Expertes en effet, car le bonhomme a vu passer les plus lourds du métier, de Madonna à Michael Jackson en passant par les Pink Floyd, de quoi faire frissonner en mesurant l’écart qui sépare ces deux mondes. Mais rassurez vous, le duo de Brooklyn n’est pas passé de l’autre côté de la barrière pour autant, et ne deviendra pas encore la nouvelle égérie hype que certains voyaient déjà poindre à l’horizon. « Rock n’Roll Ice Cream » attise seulement une plus grande curiosité à la simple idée de savoir ce que ce grand manitou des studios a bien pu faire de Japanther. Réponse: rien de plus, rien de moins, puisque le groupe lui a imposé son matériel, soit ses légendaires combinés téléphoniques en guise de micro, plutôt que les multiples jouets de riche qui jonchaient le lieu de travail. En 2010, Japanther est donc fidèle à lui-même, à son ouverture à l’art en général (la poétesse Eileen Myles récite quelques vers sur « L.A. URA Mystery » et « Get Me Home » pour un résultat qui laisse dubitatif), comme à ce son cradingue et rétrograde, totalement hors format pour n’importe quel média grand public (« What The Fuck Is The Internet? »). Mais peu importe, l’essentiel est que la musique du groupe dégueule encore le fun et la bonne humeur, autant que les influences garage, punk et pop ne cessant de charmer un public, malgré lui de plus en plus large. Tout au long de ce « Rock n’Roll Ice Cream », pas de tube qui se démarque nettement des autres, mais quelques morceaux assez naïfs et frais pour qu’on se surprenne à les chantonner (« She’s The One », « Surfin’ Coffin », « Spread So Thin »), puis d’autres qui laissent apparaitre la nouveauté, parce qu’il en faut aussi pour ne pas tourner en rond: le recours à une orchestration sensiblement plus riche (clavier sur « Not A War », boite à rythme sur « Life Is Strange » et le quasi electro « $100 Dollar Remix »), mais surtout l’intégration en dernière minute de Anita Sparrows (The Soviettes) qui se fend même seule du final « Alone In The Basement », reprise acoustique de « She’s The One ». Droit dans ses bottes, Japanther tâtonne, saute à pieds joints dans la luxure, et éclabousse musiciens bien rangés comme faux rebelles de la musique de sa fougue adolescente. Sans compter que, derrière leur insolence, ces punks là ont encore pas mal d’idées sous la semelle.
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