James Holden – ‘Imagine This Is A High Dimensional Space Of All Possibilities’

James Holden – ‘Imagine This Is A High Dimensional Space Of All Possibilities’

Album / Border Community / 31.03.2023
Electro

La pochette de Imagine This Is A High Dimensional Space Of All Possibilities, le dernier album de James Holden, est singulière. On y voit une vingtaine d’animaux magiques et colorés issus d’un autre monde, assis en cercle autour d’une émanation d’ondes sonores. L’ambiance est conviviale, l’attention des auditeurs focalisée. Un sentiment de bien-être peuple leurs visages. Ils sont en plein rituel trance. Cette illustration, une rêverie sortie de l’imagination de James Holden dépeinte par le dessinateur Jorge Velez symbolise parfaitement la relation que le musicien anglais entretenait avec cet endroit sacré qu’étaient les raves à la fin du dernier millénaire : c’est avant tout un regard fantasmé sur un univers inaccessible.

Je voulais que ce soit mon disque le plus ouvert, non cynique, naïf, sans fard, le disque que l’adolescent que j’étais voulait composer‘, déclare Holden à propos de son nouvel album. Sans accès à la radio ni à la télévision (il décrit son adolescence un peu comme le film Canine de Yorgos Lanthimos mais sans le sang), James Holden passa une adolescence isolée de la culture de masse. ‘J’avais l’habitude de poser mon radio-réveil sur une armoire pour capter les faibles signaux FM pirates de la ville la plus proche, en rêvant à ce que seraient les raves lorsque je pourrais enfin m’échapper et devenir un voyageur New Age. C’est donc comme un rêve de rave, un fantasme sur une culture musicale transformatrice qui rendrait le monde meilleur. Je suppose que c’est aussi un dialogue avec l’adolescent que j’étais‘.

Sur Common Land, les chants de milliers d’oiseaux issus d’un enregistrement de terrain de la British Library ont été superposés et s’entremêlent alors qu’un rythme downbeat à tendance acide démarre et ne s’arrêtera plus. Mais c’est surtout le saxophone de Christopher Duffin qui enflamme le morceau, lui donnant une connotation astral jazz enchantée. Le morceau est immédiatement suivi d’un moment purement holdenien : Trust Your Feet, construit de nappes de synthés éthérés où la rythmique sous-tend les mélodies vocales – un morceau qui donnera tout son sens à l’album fait de collages auditifs construisant des mélodies changeantes. Les trucs et astuces utilisés par le shaman anglais sont les mêmes que sur The Inheritors mais développent une qualité tout autre. In The End You’ll Know en est un parfait exemple. La rudesse d’il y a 10 ans laisse place à l’éther des hautes sphères qui baigne tout l’album dans une danse rythmique hypnotique non sans rappeler les contrées de Terry Riley ou les paysages mystiques de Popol Vuh sur The Answer is Yes.

De par sa tentative de redécouvrir l’univers des free parties qui faisaient danser des milliers d’anglais loin de son village natal, Holden crée la bande originale de son imagination adolescente. À nouveau, le compositeur anglais s’amuse mais surtout convainc par sa créativité et sa volonté d’aller vers une singularité croissante. Comme le disant Brian Eno en 2015, ‘les enfants apprennent par le jeu mais les adultes jouent à travers l’art‘.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Common Land, Trust Your Feet, Four Ways Down the Valley, The Answer is Yes


No Comments

Post A Comment