Jack White – ‘Entering Heaven Alive’

Jack White – ‘Entering Heaven Alive’

Album / Third Man / 22.07.2022
Rock

Jack White, l’homme de tous les excès, surprend à nouveau avec Entering Heaven Alive, un album sorti trois mois seulement après le précédent. Plus qu’une suite, un virage à 180° original et magistral qui confirme qu’on est loin d’en avoir fini avec l’américain.

Jack White est un homme fascinant. Fascinant, mais épuisant. Un hyper actif que rien ne semble pouvoir arrêter. Et dire qu’à la fin des années 90, moitié masculine des White Stripes, il se contentait d’enchaîner avec le duo mythique des albums aussi hallucinants les uns que les autres, redonnant espoir à des fans trop longtemps sevrés de rock simple, minimaliste, efficace. Une philosophie stoogienne qui allait faire des émules : The Kills, The Strokes et autres Arctic Monkeys notamment. Six albums au compteur, et un tube interplanétaire.

Mais ce temps-là est révolu. Que de chemin parcouru depuis les bas fond de Détroit et le passage à tabac en règle du chanteur des Von Bondies ! Jack White aurait pu s’arrêter là, auréolé de sa gloire et assis sur une montagne de dollars. Au lieu de quoi, en véritable homme à tout faire de la Musique… il a tout fait : sortir des albums solos; créer son label Third Man Records et une usine de pressage de vinyle avant même le revival de ce support; innover en proposant à ses fans un abonnement qui permet de recevoir régulièrement des packs de raretés et exclusivités; en battant le record du monde du disque le plus rapidement édité, enregistré et publié; en sortant avec Lazaretto un vinyle révolutionnaire à lire en 45, 33 et 78 tours (avec hologramme intégré, morceaux cachés et introduction différente selon où l’on place l’aiguille, on en passe et des meilleures), etc., etc. N’en jetez plus.

A vouloir trop faire, allait-il trop en faire ? Finir par lasser ? La question s’est posée à l’écoute de Fear of the Dawn sorti début 2022, et sur lequel Jack White faisait du Jack White. Même si un morceau comme He-Di-Ho en featuring original avec Q-Tip émergeait du lot, il donnait l’impression de tourner en rond. Et avec ça l’envie de passer son tour.

C’était mal connaître notre homme qui, au bout de trois mois seulement et à la surprise générale, sortait un nouvel opus dont le premier single titilla agréablement nos oreilles. Loin des habituelles saturations de guitares et surabondance de cymbales, If I Die Tomorrow est un titre posé. Guitare sèche, voix à tomber, accompagnement électrique, chœur et batterie discrets. On l’avait peut-être oublié mais Jack White rappelle ici à quel point il est un songwriter complet et doué. Le titre reste dans la tête. Du genre à se relever la nuit. La claque est magistrale.

Les références au son des années 70 y sont très présentes. Habiles et discrètes comme toujours avec l’américain. Du Zappa dans I’ve Got You Surrounded (With My Love), du Barett dans Queen of the Bees. Des incursions jazzy aussi sur A Madman from Manhattan. Mélancolie, doute, espoir, ode à la vie : il y a de tout ça dans les promesses et les paroles de cet album touchant, à la hauteur des promesses, où l’artiste se livre entièrement. C’est beau à pleurer, même si c’est pour nous rappeler que la fin de tout est au bout du chemin. Jack White vient de placer la barre 10cm plus haut et peut désormais attendre sereinement de voir qui la passera. Si tant est que certains en soient capables.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
If I Die Tomorrow, All Along The Way, Queen of the Bees

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