J.E. Sunde – ‘9 Songs About Love’

J.E. Sunde – ‘9 Songs About Love’

Album / Vietnam / 20.11.2020
Folk

Certains titres provoquent des déflagrations. Ils font bien plus qu’attirer notre attention dès la première écoute : ils soulèvent quelque chose qui relève du coup de foudre et poussent immédiatement à les réécouter pour vérifier si l’effet reste intact. I Don’t Care To Dance offre ce genre de sensation, la même qu’à la première écoute de Kathleen de Townes Van Zandt, ou du My Name Is Carnival de Jackson C. Frank. On fera la route longtemps avec cette valse acoustique, on le sait instantanément. L’agencement est parfait : le timbre de voix de J.E. Sunde à tomber à genoux quand il chante The Tonic That Is Mixed Up With The Gin  comme si ce mélange faisait profondément vaciller tout le reste, la ligne d’arpèges aussi belle que bien enregistrée, et le trémolo dans la voix qui file la chair de poule. Le titre évoque une rencontre qui chamboule toute les considérations passées, comme une mise en abîme de la rencontre musicale de l’auditeur, instantanément épris de celui qui chante And you rebuke the bullshit and the lies / All those people who told me how to be a man / Well I don’t want to follow them any longer. Ou comment clouer sa vie sur la table en trois minutes et quarante cinq secondes. 

C’est donc par cette porte immense que se fait notre entrée dans 9 Songs Of Love, I Don’t Care To Dance étant l’un des singles sortis en amont de l’album. Sunset Strip, l’entame la vraie souligne tout se suite le travail d’orfèvre des producteurs Shane Leonard (batteur du groupe, un atout sur un disque de folk) et Brian Joseph (Bon Iver, Sufjan Stevens). On n’avait pas entendu un album de folk aussi bien enregistré depuis ceux d’Andy Shauf. L’univers est celui des 60’s et 70’s, et ce sont uniquement des pontes qui nous viennent à l’esprit en comparaison : Simon & Garfunkel sur le titre d’introduction, par la capacité de varier les voix sur plusieurs octaves, The Beatles sur le bridge de Love Makes A Fool Of Everyone avec son orchestration cuivrée. Tout au long de l’album, on repère également des teintes de Nick Drake, des touches de Dylan. Du beau monde.

Mais ce qui appelle cet album à rester, c’est évidemment la voix du chanteur de Minneapolis. Chargée d’années de remises en question et d’amours introuvables, elle arrive à être remarquable de technique sans tomber dans les excès, admirable dans l’affect sans tomber dans le pathos. Et ce n’est pas le morceau Risk, qui conclue l’album sur une pop bien calée sur une ligne basse-batterie qui viendra réviser nos jugements.

À noter que ce second album, sans nul doute la révélation folk US de l’année, est signé sur le très bon label français Vietnam, comme en témoigne l’intriguant artwork d’Ugo Bienvenu, illustrateur attitré pour So Press et dessinateur de la BD remarquée Préférence Systéme. Pour trouver des défauts à cette sortie, il faudra décidément repasser.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Love Makes A Fool Of Everyone, I Don’t Care To Dance, I Love You, You’re My Friend, Risk


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