
02 Mar 18 J.C. Satàn – ‘Centaur Desire’
Album / Born Bad / 02.03.2018
Rock
L’ivresse, c’est ce qu’on recherche dans les disques de JC Satàn. Cette vie intense, ce rire jubilatoire à la mort, cette sensation de tanguer sur un fil au dessus du vide dans une totale insouciance. Et puis cette aura quasi-sexuelle, aussi déraisonnable qu’irrésistiblement attirante, qui s’en dégage. Un coup de foudre est intense mais bref, l’état de grâce ne dure rarement plus d’un album mais là ça fait cinq, puisque Centaur Desire vient encore le prolonger.
Sauf qu’à flirter avec le précipice, voici la chute, vertigineuse et sans retenue, bien sûr. Parce que ce disque est plus noir, dès le premier I Won’t Come Back, ou une voix d’outre tombe, cauchemardesque, revient de loin doubler le refrain d’un morceau stoner comme en retrouvera. Ca tombe bien, The Road se rappelle au bon souvenir des Queens of the Stone Age et pourrait donner un bon coup de fouet à Josh Homme s’il parvenait jusqu’à ses oreilles.
Mais que dire du titre éponyme ? Un must du genre, d’une intensité inouïe, une spirale infernale dans laquelle on se laisse engloutir corps et âme, pour mieux se faire cueillir par cette voix grave surgie du fond Centaur Desire. Le titre parle d’une féministe accro au sexe brutal, attirée par les plus machos, quand l’envie dépasse la raison. Cette libido bien trop débordante, c’est ce qui a causé la perte des centaures dans la mythologie grecque. La devise Drink, Dope & Debauchery chantée avec la ferveur d’un hymne, tout commme No Brain, No Shame les poings serrés, sont dans cette même thématique du débordement continuel, du trop tout le temps.
Et puis il y a l’autre JC Satàn, celui qui se laisse flotter dans les limbes des souvenirs, comme en attestent la ballade acide Erika, ou Communion dans une nostalgie semi-comateuse. Il est beau aussi et touchant celui qui délaisse ses aspirations diaboliques pour se mettre à nu, et c’est souvent Paula qui a le micro, comme sur Libera concluant l’album sur une illumination inattendue.
Il y a eu quelques changements chez les Satàn : Alice est partie sur des projets aux confins du black et du doom metal, remplacée à la basse par Gaspard qui officiait chez les Bordelais de Cockpit et Sam Fleish, Romain a enregistré sa batterie alors qu’Arthur se chargeait auparavant de tout. Loin d’être fragilisés, ils n’en paraissent que plus solides et maîtres de leur art. Et puisqu’on est dans la mythologie, on aurait tendance à les voir comme une horde de créatures entre satyres et succubes, qui auraient les pouvoirs d’émettre des fréquences implosant le cerveaux des gens qui aiment bien Vianney, de rendre les foules folles au sens psychiatrique du terme. Mais si, à tout bien y réfléchir, ils étaient plutôt centaures, dans cette fichue lutte entre raison et pulsion qui tombe toujours du même côté ?
A ECOUTER EN PRIORITE
Centaur Desire, Erika, Drink Dope & Debauchery, Libera
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