J.Baker, P.Bridgers, L.Dacus – ‘Boygenius’

J.Baker, P.Bridgers, L.Dacus – ‘Boygenius’

EP / Matador / 26.10.2018
Trois fois plus indie


C’est une histoire extraordinaire que conte Boygenius tant il est rare que trois si grands talents mettent si facilement leurs égos et leurs ambitions personnelles de côté pour mieux privilégier le plaisir. Toutes trois âgées d’à peine plus de vingt ans, Phoebe Bridgers, Julien Baker et Lucy Dacus ont récemment mis le rock indépendant sous leur emprise, jusqu’à véritablement incarner une nouvelle génération d’auteurs-compositeurs-interprètes au parler vrai, ou musique et voix s’unissent pour titiller sans relâche votre sensibilité.

C’est donc au moment de se réunir en studio durant quelques jours à Los Angeles pour enregistrer un titre collaboratif annonçant de prochains concerts en commun, que Boygenius est né le plus naturellement du monde. Sans leurs collaborateurs habituels, sans aucun homme dans les parages, toutes trois en autarcie et livrées à elles mêmes, Baker, Bridgers et Dacus ont fait durer le plaisir jusqu’à finalement autoproduire six morceaux révélateurs, non seulement de leurs talents respectifs, mais aussi de l’osmose évidente qui règne entre elles. Réuni par une même vision artistique, mais aussi par des expériences de vie similaires (Ketchum ID ou chacune exprime sa mélancolie ressentie sur la route), le trio fait coup double, plus encore à l’heure ou le rock indépendant ne s’est rarement autant accordé au féminin, et ou l’émancipation féminine n’a jamais été si forte.

Générationnel en tous points donc, Boygenius additionne ses talents autant qu’il les imbrique, et propulse les caractéristiques de chacune des trois protagonistes au profit d’une oeuvre collective ou la complémentarité est de mise. Ainsi, quand l’une ou l’autre prend les rennes, jamais elle ne tire complètement la couverture à elle, se laissant docilement sublimer par les autres. De fait, ces six compositions authentiques et honnêtes, dénuées de toutes velléités marketing, tiennent toutes leurs promesses, avec comme apothéoses indéniables celles portées par une mélancolie presque tubesque, Bite The Hand et Souvenir en tête.

En multipliant sa profondeur et son émotion par trois, Boygenius apporte la preuve, s’il en fallait une nouvelle depuis la fin des années 60 et le trio Crosby/Still/Nash dont le fantôme règne ici sur la pochette, que la musique ressort plus forte encore quand elle est la seule et unique motivation d’une telle réunion de talents. Espérons donc que ce supergroupe ne soit pas que de passage, que cette collaboration si naturelle et humaine perdure, et qu’elle donne envie à d’autres de s’associer avec autant de sincérité.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Bite The Hand, Souvenir


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