04 Mar 12 Islands – « A Sleep and a Forgetting »
Album
(Anti)
10/02/2012
Pop
Il y a parfois des évènements qui perturbent la vie d’un homme et parallèlement, sa musique. Le cas de Nick Thorburn est un de ceux-là: un déménagement et un désastre amoureux plus tard, le canadien (et sa troupe) revient avec un nouveau disque dans son sac, et pas n’importe lequel.
On est loin de ce à quoi Islands nous avez habitués. Finie la folie pop multi-instrumentale, le bric-à-brac ou les orchestrations épiques entendues sur les précédents disques. Uniquement composées au piano, enregistrées en quinze jours, voilà onze chansons plutôt simples, élégantes et douces. Une tranquille traversée dans un univers apaisé où règne une atmosphère définitivement chaleureuse composant l’album le plus sobre et le plus calme du groupe jusqu’à présent.
Thorburn ne cache plus ses douleurs derrière l’humour. Pas non plus dans une veine déprimante, il nous transmet une jolie mélancolie, jouant la confession. A travers des thèmes comme la lutte, l’échec, la renaissance, il se livre, amenant son groupe sur un terrain original que la pop a trop souvent tendance à oublier: aller au-delà des clichés, imposer une vraie recherche et une véritable poésie dans les paroles.
Chaque chanson est à sa place, sa voix passionnelle appuie ses mots avec une volupté telle qu’on s’y accroche malgré nous, rendant le tout assez addictif. Le charme avance et ne rompt pas. Petit à petit, les mélodies font mouche: piano, choeurs et guitares discrètes épaulés par une batterie aux rythmes simples et désinvoltes se mélangent et offrent quelques balades soyeuses (« No Crying », « This Is Not A Song »), on reste pop avec d’autres sonorités, synthés vintage, piano à la limite du kitch, toutefois séduisant (« Never Go Solo », « Can’t Feel My Face ») avant d’atteindre un pic de perfection mélodique, « Lonely Love » et son chant incroyable. Thorburn reste efficace autant sur des titres plus dépouillés instrumentalement (« Oh Maria ») que lorsque le tempo s’accélère (« Can’t Feel My Face », « Hallways »). L’album se termine sur un « Same Thing » plus sombre, mêlant nostalgie et espoir, qui offre une belle conclusion à cet album.
“A Sleep And A Forgetting”, on dort et on oublie pour mieux rebondir. Nick Thorburn et ses acolytes réussissent une bonne opération en prouvant qu’il peut être bon de se détacher de ses précédents, de chambouler ses habitudes. La prise de risque peut être dangereuse quand elle n’est pas maitrisée, c’est tout le contraire ici. La classe.
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